Ijeoma Omodu est ingénieure en mécanique et environnementaliste. Elle travaille dans l’industrie pétrolière et gazière et se concentre sur la réduction des émissions et des impacts environnementaux, tout en préconisant l’énergie durable et la sécurité énergétique. 

Bien des gens considèrent que l’industrie pétrolière et gazière est fondamentalement incompatible avec l’environnementalisme. Pour Ijeoma Omodu, cette opinion ne tient pas compte des complexités de l’industrie énergétique mondiale. Ayant grandi dans l’est du Nigéria, où est produite la majeure partie du pétrole et du gaz de ce pays, Ijeoma Omodu a toujours cru que « l’énergie est le moteur du monde ». 

Mme Omodu suscite souvent la surprise en raison de ses positions apparemment opposées. « Les gens se disent : comment est-ce possible? » Elle-même n’a pas de points de vue contradictoires sur son travail. « Je suis une environnementaliste. Je travaille dans le secteur de l’énergie. Je travaille dans l’extraction pétrolière et gazière... Il faut avoir une place à la table des décisions pour défendre les choses qui nous tiennent à cœur. Je ne peux pas m’imaginer avoir fait autre chose dans la vie. »  

« L’énergie est le moteur du monde »  

Le parcours d’Ijeoma Omodu a commencé quand, jeune professionnelle, elle a été recrutée par la Royal Dutch Shell pour participer à un programme spécialisé dans l’énergie qui lui a enseigné l’ensemble du système de production de pétrole et de gaz, depuis l’exploration jusqu’à la vente du produit. Fascinée par ce secteur, elle a décidé de concentrer ses efforts sur les systèmes énergétiques et a débuté comme ingénieure de production sur une plate-forme de forage en mer. Elle a occupé divers postes, notamment dans le domaine des pipelines, de la maintenance, des activités commerciales et des portefeuilles de projets, qui ont tous renforcé sa compréhension du système et sa détermination à promouvoir des solutions environnementales. 

Par exemple, l’une de ses fonctions précédentes consistait à travailler en tant qu’ingénieure de production sur plusieurs plateformes extracôtières. Elle occupait donc parfois le poste de commandant de bord, responsable de centaines de travailleurs et responsable de la production de pétrole, des systèmes de sécurité et des impacts sur l’environnement. Mme Omodu estime que ce poste l’a poussée à obtenir un diplôme en génie de l’environnement en plus de son diplôme de génie mécanique, afin de pouvoir améliorer la gestion des eaux usées issues de la production pétrolière d’une manière respectueuse de l’environnement.  

« L’aspect de l’ingénierie qui me réjouit le plus est de m’assurer que, quoi que je fasse, je le fais d’une manière durable... C’est ce qui motive tout ce que je fais. Et c’est ce qui me permet de rentrer chez moi à la fin de la journée et de me sentir heureuse d’avoir fait quelque chose qui a un impact positif sur des vies », dit-elle.

Les émissions causées par l’extraction et l’utilisation des combustibles fossiles ont un impact de plus en plus destructeur sur l’environnement et, par conséquent, sur les sociétés humaines. « Tous les aspects de notre vie sont alimentés par l’énergie, et nous ne pouvons donc pas éliminer tout simplement les combustibles fossiles, explique Ijeoma Omodu. Nous consommons beaucoup d’énergie. L’objectif est donc de la rendre durable. L’objectif est de limiter les émissions. L’objectif est de décarboner les combustibles fossiles. » 

Trouver le point idéal

Mme Omodu sait qu’une transition énergétique vers des sources qui limitent les émissions et créent des processus plus durables et moins dommageables est nécessaire pour contribuer à la sécurité et à la durabilité énergétiques futures. Elle s’est fixé comme priorité de mettre l’accent sur des solutions qui réduisent et décarbonent les émissions, et sur une transition qui ne déstabilisera pas l’accès des populations à l’énergie.

« Nous savons que nos activités ont un impact sur l’environnement au point que nous risquons de nous éteindre nous-mêmes, dit-elle. Cependant, elle-même et de nombreux autres acteurs du secteur de l’énergie possèdent l’expertise nécessaire pour décarboniser les combustibles fossiles et rendre le changement possible, en particulier si les gens peuvent être mobilisés pour travailler ensemble. 

« L’Alberta est un leader mondial dans le domaine de l’énergie. Et quand je dis leader, je parle d’expertise et d’ingéniosité. Je parle de la capacité à opérer des changements », précise Mme Omodu. 

Bien qu’il y ait une pression mondiale continue pour une transition énergétique durable, Ijeoma Omodu croit que le Canada devrait faire plus en adoptant des politiques pour renforcer la protection de l’environnement tout en permettant des actions qui font de la transition énergétique la seule option viable, contribuant ainsi à la durabilité de l’environnement. 

« Je me suis plongée dans la transition énergétique et la décarbonisation des combustibles fossiles. Il est possible de faire les deux. Nous devons simplement nous assurer d’atteindre cet équilibre, ce point idéal », affirme l’ingénieure.  

Mme Omodu est actuellement gestionnaire de l’ingénierie chez Aurora Hydrogen, qui se concentre sur l’utilisation d’une technologie de pyrolyse par micro-ondes pour produire de l’hydrogène sans générer d’émissions.  

Actuellement, l’hydrogène est produit à partir du traitement du gaz naturel. La demande d’hydrogène augmentant, il est de plus en plus nécessaire de trouver des technologies à faible coût et à faible teneur en carbone pour produire un carburant plus propre.

Au sein de l’équipe d’ingénierie, Mme Omodu dirige le développement, la conception et la construction de la nouvelle usine d’hydrogène de l’entreprise, et veille à ce que le travail soit conforme aux codes et aux normes juridiques. « Je m’occupe de la planification, des déploiements, de la mise en place de la chaîne d’approvisionnement, de la préparation des sites... », explique-t-elle. Comme dans ses postes précédents, elle prend au sérieux sa responsabilité de réduire au minimum les impacts sur la santé et la sécurité : « Quelle est la meilleure façon de soutenir les opérations de l’usine pour s’assurer qu’elles sont sécuritaires? Comment limiter le bruit? Comment m’assurer que mes voisins ne subissent pas les conséquences négatives de nos activités? Comment m’assurer également que ce que nous faisons est rentable et efficient? »

L’ingénierie sans frontières 

Ijeoma Omodu

Ijeoma Omodu a beaucoup apprécié de pouvoir exercer son métier d’ingénieure dans différents endroits. « L’intérêt du secteur de l’énergie est qu’il permet d’exercer l’ingénierie sans frontières », affirme Mme Omodu. Pour des industries comme le pétrole et le gaz, qui sont internationales et dont les codes et les normes d’ingénierie sont extrêmement similaires dans le monde entier, le secteur de l’énergie offre également une grande mobilité aux ingénieurs.

« Je crois que l’heure est à l’ingénierie... En raison de l’évolution des innovations, je dirais que la prochaine décennie sera un monde fait pour les ingénieurs », dit Mme Omodu. Elle croit que nous avons besoin des compétences des ingénieurs en matière de résolution de problèmes, d’adaptation et de pratique pour relever le défi de la transition énergétique à venir.

Selon elle, le changement est imminent, que l’industrie le veuille ou non. La seule façon de s’assurer que la transition est durable, équitable et qu’elle maintient la sécurité énergétique du pays est de l’entreprendre avant que les circonstances ne la rendent inévitable. 

« D’après mon expérience personnelle, explique Ijeoma Omodu, les gens refusent certaines choses parce qu’ils ne les voient pas. Si vous voyez un train foncer sur vous, vous n’allez pas rester là; si vous pouvez bouger, vous allez le faire. »

Elle attribue ce manque de vision à la complaisance actuelle de l’industrie et des gouvernements. « Les gens ne reçoivent pas les informations dont ils ont besoin. Ils ne comprennent pas, en termes simples, l’urgence de la situation actuelle. »

Mme Omodu souhaite que les futurs ingénieurs s’efforcent de relever le défi d’assurer la sécurité énergétique des populations tout en préservant les ressources pour l’avenir. Pour elle, c’est là l’essence même de l’ingénierie : « Rendre la vie plus sûre et meilleure pour les gens. »

« Je dis à tous ceux et celles qui veulent devenir ingénieurs qu’avant tout, ils prennent la bonne décision parce que la profession d’ingénieur vous donne la possibilité d’avoir un impact, où que vous soyez, affirme Mme Omodu. Soyez prêts à apprendre. Croyez en vous. Développez vos compétences en matière de résolution de problèmes et n’oubliez pas votre instinct. Car lorsque vous croyez en vous, il n’y a pas de problème que vous ne puissiez résoudre. »