Mary Alexander met sa passion et son amour des défis au service de la création d’espaces communautaires beaux et fonctionnels.
Lorsque Mary Alexander envisageait de devenir architecte, elle construisait de minuscules maquettes en papier des bâtiments qu’elle concevait. Elle était censée se concentrer sur l’esthétique, mais ses préoccupations étaient bien plus pratiques : « Comment savoir si cela va tenir debout? » La fonctionnalité du bâtiment et son comportement dans la réalité étaient des problèmes bien plus intéressants à considérer. Il n’a pas fallu longtemps à Mary Alexander pour changer d’objectif de carrière et passer de l’architecture au génie des structures.
En tant qu’ingénieure de structures, Mme Alexander se spécialise dans le bois et la géométrie complexe. Elle se concentre sur la création de bâtiments beaux et fonctionnels pour les communautés qui en ont besoin. Elle a travaillé sur de nombreux projets, allant des centres de recherche aux résidences pour personnes âgées, qui ont en commun d’être des bâtiments durables et efficients au service de la communauté où ils sont situés.
Une église renaît de ses cendres
L’église Saint Elias à Brampton, en Ontario, est un exemple typique de ce que les ingénieurs de structures peuvent apporter aux communautés. L’église avait été entièrement détruite par un incendie et la congrégation était bouleversée.
« C’était tout simplement horrible, dit Mme Alexander. La congrégation avait recueilli des fonds et voulait reconstruire l’église à l’identique... Les gens voulaient retrouver leur église. Et pourquoi pas? Parce qu’elle était absolument magnifique à l’origine. »
Il y avait de nombreux aspects structurels à prendre en compte. Il fallait adapter la conception de l’église en fonction des codes de construction en vigueur. Mais en même temps, les avancées de l’ingénierie offraient de nouvelles possibilités. Par exemple, l’utilisation judicieuse du bois lamellé-collé permettait de dégager la zone située près de l’autel, où des structures obstruaient auparavant la vue des fidèles.
Autre élément important : les cinq coupoles emblématiques recouvertes de cuivre, dont la plus grande pesait finalement plus de 18 000 kg. « Les hisser et les mettre en place a été une véritable prouesse technique! » Mary Alexander se souvient avec émotion du chantier en raison de ces coupoles. « Il s’agit de formes très complexes que l’on ne penserait pas pouvoir réaliser en bois, mais nous avons réussi à le faire. »
Le défi d’apprendre à travailler avec un matériau peu commun, mais respectueux de l’environnement est l’une des raisons qui ont poussé Mary Alexander à utiliser le bois.
« J’aime beaucoup la durabilité que le bois offre. Si l’on parle de construire des bâtiments durables et de concevoir en fonction de la norme écologique LEED, la structure elle-même est un élément important. Si vous pouvez utiliser un matériau de construction qui est renouvelable et qui séquestre le carbone au lieu d’en émettre dans l’air, c’est un énorme avantage. »
En tant que matériau de construction respectueux de l’environnement, le bois contribue à servir les prochaines générations en fournissant un air plus propre et réduisant l’utilisation de matières qui sont source de gaspillage. Dans le cadre de chantiers comme celui de l’église Saint Elias, l’odeur du cèdre fraîchement coupé crée une expérience unique de travail sur le terrain, où même un site de construction peut sentir bon et frais, et où une équipe d’ingénieurs peut voir l’église d’une communauté reprendre vie.
Le travail d’équipe est essentiel à la réussite
La ville de Welland est une collectivité semblable, qui avait besoin d’un coup de main. Elle a contacté Moses Structural Engineering, où travaille Mary Alexander, pour commander la construction d’une nouvelle caserne de pompiers. Pour ce projet, le bien-être de la communauté était la priorité absolue.
« En tant qu’ingénieurs, nous devons nous préoccuper du public et de son bien-être. L’une des valeurs fondamentales de notre entreprise est d’avoir un impact positif durable. Quel sera l’impact du projet sur la communauté? » indique Mme Alexander.
Elle explique que l’une des façons de garder cette question à l’esprit a été de demander à tous les participants au projet de se rendre à Welland, où ils ont visité la caserne de pompiers qu’ils allaient remplacer et rencontré le chef du service d’incendie et les pompiers qui utiliseraient le bâtiment.
« On pouvait vraiment voir à quel point ce bâtiment était important pour eux. Ce n’était pas seulement une caserne de pompiers, mais aussi un lieu communautaire. Ils voulaient quelque chose de très emblématique pour la communauté, c’est pourquoi j’ai été très attirée par ce projet. »
Par « tous les participants », Mme Alexander fait référence à un plus grand nombre de personnes que celles que l’on pourrait associer à l’ingénierie. Un ingénieur de structures ne travaille pas seul, pas plus qu’un ingénieur en électricité ou en mécanique.
« C’est assurément un effort collectif, dit-elle. On ne travaille pas seul dans un bureau, on collabore avec un grand nombre de personnes et on interagit avec tout le monde. »
Pour la caserne de pompiers, le processus de projet intégré a permis à ses clients d’économiser de l’argent sur le temps et les coûts des matériaux, grâce à une communication et une collaboration constantes. Le résultat final a permis de relever le défi des grands espaces ouverts nécessaires pour l’équipement et les camions de lutte contre les incendies, et les fermes à ossature légère en bois ont permis de maintenir les niveaux supérieurs ouverts, tandis que des panneaux structurels isolés ont été utilisés pour les murs extérieurs.
Des bâtiments comme la caserne de pompiers no 2 de Welland reflètent vraiment la philosophie de l’ingénierie des structures. « Par-dessus tout, c’est la sécurité du public qui compte le plus, explique Mary Alexander. Nous pensons à l’avenir et aux générations futures. Cela va au-delà de la conception et de la construction d’un bâtiment qui fonctionne. Il faut penser à la durabilité, en concevant le bâtiment de manière à ce qu’il soit efficient et en faisant une utilisation optimale des matériaux. »
Lorsque l’ingénierie structurelle est bien faite, personne n’y pense. Si une personne entre dans un bâtiment en pensant que le plancher tiendra et que les murs resteront debout, Mme Alexander sait qu’elle a bien fait son travail et que le public lui fait confiance.
Faire le pont entre beauté et sécurité
L’utilisation du bois dans la conception de structures compte son lot de sceptiques, et cela particulièrement vrai dans le cas de ponts routiers en bois.
S’ils sont extrêmement rares au Canada et aux États-Unis, les ponts en bois sont beaucoup plus répandus en Europe. Mary Alexander a participé à l’élaboration du Wood Bridge Reference Guide de l’Ontario dans le but exprès d’enseigner à d’autres ingénieurs et responsables de la construction les possibilités qu’offre l’utilisation du bois dans la conception de ponts en bois. Elle nous a parlé avec passion de son métier et nous a expliqué combien il a été stimulant pour elle d’apporter ces connaissances à sa communauté professionnelle.
« Les ponts en bois exigent beaucoup de travail de conception très détaillé, mais ils peuvent durer très, très longtemps, explique Mary Alexander. Participer à l’élaboration de ce guide a été vraiment passionnant, car cela m’a permis de m’adresser non seulement au public, mais aussi aux ingénieurs, et de leur dire que c’est possible. »
Le guide de référence fournit des informations sur la sécurité de ces structures en bois et déboulonne les mythes selon lesquels le bois va se détériorer, brûler ou céder sous la pression.
La valeur d’un ingénieur
Lorsqu’on lui demande de citer l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les ingénieurs de structures, Mary Alexander répond qu’il s’agit de la perception erronée de leur travail. « Il s’agit de faire comprendre la valeur d’un ingénieur et de ce qu’il peut faire pour vous », dit-elle.
Il arrive souvent qu’on fasse appel aux ingénieurs de structures une fois que le plan est en cours et que les décisions clés ont déjà été prises. « Notre défi est de nous faire intervenir un peu plus tôt dans la conception pour que nous puissions aider à élaborer les choses. Je ne vais pas seulement concevoir un bâtiment, je vais aussi essayer de vous aider à créer quelque chose de plus efficient et plus durable. » La planification intégrée du projet de caserne de pompiers de Welland est un exemple de bonne planification de la conception.
Mary Alexander n’a jamais douté de son choix de carrière. « Voici comment je sais que j’ai fait le bon choix : si c’est quelque chose qui me passionne et qui est difficile, alors je sais que j’ai choisi la bonne voie. Je vais entretenir cette passion, et continuer d’aller de l’avant et de faire de mon mieux. »
Pour les ingénieurs de structures, le travail quotidien peut être à la fois rempli de défis, gratifiant et en évolution constante. Leurs réalisations se dressent en hauteur, ou assurent un soutien, dessinent des courbes nouvelles et intéressantes, et ravissent l’œil en s’intégrant dans le paysage. Pour chaque projet, il est essentiel qu’ils fassent le meilleur travail possible.