L’équipe d’Ingénieurs Canada apporte à son travail un large éventail d’expériences et de passions. Dans cette édition de Dans les coulisses d’Ingénieurs Canada, nous mettons en lumière Ryan Melsom, gestionnaire, Compétences professionnelles et secrétaire du BCCAG. Au-delà de son rôle de gestionnaire, qui consiste à assurer la cohérence des pratiques d’octroi de permis à l’échelle nationale, il est également un auteur littéraire. Dans son récent ouvrage, Gods of a New World, Ryan explore le potentiel et les menaces des technologies émergentes, combinant ainsi son expertise professionnelle et sa curiosité personnelle.

Gods of a New World book cover

Parlez-nous un peu de votre livre. 

Il s’intitule Gods of a New World et est distribué dans toutes les grandes librairies, ainsi que dans un nombre croissant de librairies indépendantes.  

Le roman lui-même est un « thriller cyberpunk » qui se déroule dans un futur proche où les milliardaires sont devenus pratiquement impossibles à distinguer des anciens dieux mythologiques. Grâce à leurs empires de données, ils peuvent tout voir. Grâce à leur richesse illimitée, ils peuvent tout construire. Et grâce à des intelligences artificielles hyperévoluées, ils peuvent résoudre tous les problèmes. Ils ont gagné tous les jeux, et ont désormais un nouveau projet : fusionner leur conscience avec la matière elle-même et ainsi acquérir le pouvoir de manipuler la matière du monde par la seule force de leur volonté.

Deux héros improbables, James Kessler et Maree Shell, découvrent par hasard le plan des dieux milliardaires et doivent déterminer ce qu’ils peuvent faire, le cas échéant. Au cours de leur quête, ils rencontrent un groupe hétéroclite d’alliés qui se rallient à leur cause. Le roman regorge d’humour et d’action, et aborde l’un de mes thèmes préférés : des gens ordinaires légèrement abîmés par la vie qui s’opposent à des forces absolument écrasantes. J’aime les situations improbables où les chances sont minces. 

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de votre livre et qu’est-ce qui vous a finalement poussé à vous lancer dans l’écriture ? 

L’idée du livre s’est en quelque sorte construite à partir de différents sujets d’intérêt au cours d’environ deux ans. Au départ, j’avais joué avec l’idée de créer un panthéon moderne composé de forces gigantesques telles qu’Amazon, l’environnement et l’Union européenne, mais même si c’était amusant, l’idée n’aboutissait pas vraiment. Une autre idée qui m’avait traversé l’esprit était de savoir à quoi ressemblerait une histoire cyberpunk si elle se déroulait en banlieue (alors que ce genre de récit se déroule généralement dans les quartiers urbains crasseux et malfamés). Puis en 2023, il y a eu l’explosion des grands modèles de langage (LLM) qui a débuté avec ChatGPT, et soudain, j’ai trouvé la voie à suivre pour concrétiser mon idée de « dieux » modernes. Si l’on pousse cette technologie assez loin (sans réglementation ni accessibilité), il n’est pas difficile d’imaginer un monde comme celui que je dépeins dans mon livre.

C’est ainsi qu’en combinant ces différents fils conducteurs, j’ai trouvé une méthode pour écrire mon livre, et je me suis mis au travail.

Selon vous, à quel public votre livre plaira-t-il le plus ?  

Je pense que les gens qui s’intéressent passionnément au potentiel et aux menaces des technologies l’apprécieront beaucoup, mais le récit est également très centré sur l’humain, donc je pense qu’il y a beaucoup de façons différentes de l’aborder.

Ceux qui ne veulent pas penser au monde façonné par l’IA, extrêmement inégalitaire, qui se profile à l’horizon à un rythme alarmant, devraient probablement s’abstenir :)

Voyez-vous des liens entre les thèmes abordés dans votre livre et les valeurs ou les défis propres à la profession d’ingénieur ?

C’est tout à fait certain ! Entre autres choses, j’aide actuellement le Bureau canadien des conditions d’admission en génie (BCCAG) à rédiger un guide sur le développement et l’utilisation éthiques de technologies d’avant-garde. Mon roman pourrait être considéré comme le jumeau maléfique de ce guide : le développement et l’utilisation non éthiques de technologies d’avant-garde. Pour être bien franc, je ne sais plus très bien quelle recherche éclaire l’autre.

Un autre thème important et très pertinent est la question des préjugés et de l’inclusivité dans le processus de conception en ingénierie et dans la profession en général. Sans trop en dévoiler, je dirais que les faiblesses des intelligences artificielles hyperpuissantes sont liées à des choses qu’elles ne peuvent pas voir (c’est-à-dire pour lesquelles elles n’ont pas été formées ou développées). Que les futurs milliardaires soient avertis...

Y a-t-il des compétences acquises dans le cadre de votre travail chez Ingénieurs Canada qui vous ont aidé dans le processus d’écriture et de publication ?

Je travaille avec des personnes très intelligentes et issues de divers horizons et de partout au pays, et je dois constamment m’efforcer de faciliter l’équilibre et l’harmonisation entre un très grand nombre de points de vue. À cet égard, les relations et la collaboration sont essentielles et, à mon avis, elles précèdent toujours le succès. Je pense donc que mon expérience dans la gestion de ces dynamiques interpersonnelles complexes m’a permis d’approfondir les relations entre les nombreux personnages du roman. Bien que James et Maree soient les protagonistes du récit, tous les personnages, dans leur diversité, sont importants pour la trame générale.

Au travail, je fais souvent appel à mon style de pensée hautement latéral pour résoudre des problèmes, et cela se reflète également dans le roman. Tant dans mon travail que pour les personnages de Gods of a New World, c’est parfois l’approche la moins évidente qui finit par faire émerger la solution. 

Qu’est-ce qui a été le plus gratifiant et le plus difficile dans l’écriture de ce livre ?

En ce qui concerne l’aspect le plus gratifiant, je dois dire que j’adore tout simplement le processus d’écriture. J’adore rassembler un mélange hétéroclite d’idées venues de partout et les synthétiser pour créer un monde plausible. J’adore imaginer des lieux qui semblent vivants, où l’on peut ressentir ce qu’on éprouverait en s’y promenant. J’adore trouver les mots justes pour concrétiser la vision non verbale qui est dans ma tête. À ce propos, lorsque j’ai rédigé la vision d’Ingénieurs Canada « Faire avancer le génie canadien grâce à la collaboration nationale », le processus a été étonnamment semblable. Il s’agit de trouver une connexion intuitive entre des éléments disparates qui trouve un écho chez les autres.  

Quant aux difficultés, je pense que mon plus grand défi est d’être patient. J’ai terminé la première ébauche de ce livre en juin 2023, et il a fallu plus de deux ans pour passer de là au lancement officiel le 29 juillet dernier. Je pense que je veux que les choses se fassent dès que j’en ai une image claire, mais il y a tellement d’étapes à franchir. Quand je suis au meilleur de ma forme, je peux apprécier ces étapes, mais la plupart du temps, je suis déconcerté et contrarié lorsque je n’arrive pas à concrétiser instantanément ce que j’ai en tête dans le monde réel. 

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui a en tête une idée de livre ? 

Je lui dirais « si vous voulez vraiment prendre le risque de devenir accidentellement écrivain, lisez le court mémoire de Stephen King, Écriture : Mémoires d’un métier. C’est vraiment le meilleur. Ce livre m’a donné les conseils les plus pratiques et les plus réalisables que j’ai jamais trouvés sur la façon d’écrire un livre. En résumé : trouvez un endroit calme où vous ne risquez pas d’être interrompu (pas besoin que ce soit luxueux) et écrivez 1 000 mots par jour pendant 90 jours. Vous obtiendrez ainsi un manuscrit, même s’il est encore brut. King donne des conseils tout aussi excellents sur la marche à suivre à partir de là.

Ces 1 000 mots peuvent sembler inatteignables, mais la plupart d’entre nous en écrivent facilement autant chaque jour dans nos courriels et autres documents. Je consacre généralement une heure avant le dîner à l’écriture de mes romans, puis quelques heures supplémentaires après avoir couché les enfants. 

Envisagez-vous d’écrire d’autres livres et, si oui, sur quels sujets ?

J’ai un problème : je ne peux tout simplement pas m’arrêter d’écrire. J’ai écrit deux autres livres (qui n’ont pas encore trouvé d’éditeur) depuis que j’ai terminé le manuscrit de Gods, et j’en suis déjà à environ 70 000 mots d’un troisième roman. Le problème, c’est que je n’arrête pas d’avoir des idées intéressantes (du moins pour moi), et j’adore transformer ces idées générales en quelque chose qui saisit vraiment l’essence de ma pensée initiale.

Je continue à m’intéresser aux thèmes de la technospiritualité et des espaces urbains, et j’ai donc écrit un manuscrit sur une force maléfique qui draine la vitalité humaine à travers nos appareils, et un autre texte, davantage basé sur le fantastique, qui réunit des personnages aux croyances diverses pour surmonter une terrifiante invasion démoniaque.

Le roman sur lequel je travaille actuellement est une apocalypse quantique, où les visions du monde des gens deviennent si divergentes que la réalité elle-même commence à se désagréger (c’est peut-être une métaphore de la politique gauche-droite moderne). Je pourrais aussi vous parler des deux suivants après ceux-là. J’en ai toujours en chantier :)

Vous pouvez trouver Gods of a New World ici et rester en contact avec Ryan sur BlueSky.