Du 3 au 5 mars, le Regroupement national 2023 de l’AISES (American Indian Society for Engineering and Science) au Canada a réuni des Autochtones et leurs alliés de différentes générations pour qu'ils apprennent les uns des autres et échangent sur leur travail et leurs expériences. Lors du rassemblement, Ingénieurs Canada a donné une présentation conjointe sur le Guide sur la consultation et la mobilisation des Autochtones à l’intention des ingénieurs et des firmes d’ingénierie qui paraîtra sous peu. Les informations communiquées ont été bien accueillies, notamment parce qu'elles font écho à la réflexion sur les documents influents relatifs aux droits des Autochtones publiés ces dernières années, notamment la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), les Appels à l'action de la Commission de vérité et de réconciliation et les Appels à la justice émanant de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
L’information sur le guide a été présentée conjointement par Gayle Frank et Danilo Caron, l'équipe de consultants d'Urban Systems qui a facilité la création du guide, et Ryan Melsom, gestionnaire, Compétences professionnelles, Ingénieurs Canada, qui a supervisé le développement du projet et la gestion des bénévoles tout au long du cycle du projet. Au plus haut niveau, le guide s’éloigne de l’approche de consultation basée sur des « cases à cocher », qui n’a pas réussi à protéger le public autochtone à de nombreuses reprises au cours de l'histoire du Canada, pour adopter plutôt un modèle de mobilisation plus authentique, qui met l’accent sur l'établissement de relations à long terme, la participation communautaire et l'intégration du savoir autochtone, entre autres aspects clés, afin d'obtenir de meilleurs résultats en matière d'ingénierie pour les communautés autochtones. En général, les communautés autochtones sont convaincues que l'obligation de consultation de la Couronne sera et doit être remplacée par un modèle plus significatif et plus respectueux impliquant ce que la DNUDPA appelle le « consentement préalable, libre et éclairé ». Il s'agit de passer d'un modèle de collaboration égalitaire sur des projets d'ingénierie à un modèle de consentement accordé par des nations autochtones souveraines.
Le Regroupement national a ceci de particulier que, contrairement à une conférence professionnelle classique à thème unique, l'événement adopte une vision beaucoup plus holistique de ce que signifie être un professionnel. Intégrant la recherche universitaire, des présentations données par l'industrie, la participation intergénérationnelle, le recrutement par des entreprises, les pratiques spirituelles, les pratiques culturelles, les coutumes autochtones locales, la participation des familles, la sensibilisation dans les écoles et bien plus encore, la conférence offre un environnement accueillant et ouvert, où les gens sont encouragés à apporter leurs histoires et valeurs personnelles aux débats et, en fin de compte, à leur vie professionnelle dans les domaines liés aux STIM.
Selon Marcie Cochrane, membre du Comité sur l'exercice de la profession du Bureau canadien des conditions d'admission en génie (BCCAG), qui a élaboré le guide, ce dernier constitue une avancée positive pour la profession en raison du processus par lequel il a été élaboré. Selon Mme Cochrane, le processus d'élaboration « a donné lieu à une vaste consultation dans le cadre d'une série de rencontres qui ont permis d'incorporer des récits et des points de vue personnels dans le processus ». Cette approche a eu pour avantage de « susciter l'empathie et la compréhension parmi les participants et les personnes impliquées ».
« En présentant ce travail, nous avons été encouragés par l'accueil positif réservé à ces informations par les professionnels, les universitaires et d'autres membres des communautés autochtones », indique Ryan Melsom.
« Nous reconnaissons toutefois que ce guide n’est, pour Ingénieurs Canada, qu’une première étape, dont les résultats sont très limités. Tout d’abord, personne n'est tenu d'utiliser ce guide, mais nous espérons que les leaders du domaine du génie reconnaîtront ses avantages et agiront », ajoute M. Melsom.
M. Melsom souligne que, lors des réunions qui ont contribué à l'élaboration du guide, plus de 50 % des participants étaient des Autochtones, mais que « cela ne représente qu'une infime partie de la véritable diversité des communautés et des personnes autochtones au Canada ».
« L'élaboration de ce guide constitue une réalisation importante pour le Comité sur l’exercice de la profession du BCCAG, car ce document fournira un cadre pratique permanent pour une mobilisation efficace et significative des communautés autochtones du Canada lors de l'élaboration de projets d'ingénierie. Le processus a fait appel à une approche de consultation unique (par l'organisation d'ateliers et de rassemblements régionaux/nationaux) qui a contribué à l'élaboration réussie du document et a permis une forme inclusive de collaboration et d’échange d'expériences, alors que nous réfléchissions profondément à la vérité et à la réconciliation, aux valeurs et aux modes de connaissance autochtones. Il reste encore beaucoup à faire pour créer de meilleures relations et améliorer les résultats pour les communautés, et nous espérons que ce guide nous aidera dans cette voie », indique Sam Inchasi, président du comité.
M. Inchasi souligne également que « rien de tout cela n'aurait été possible sans Urban Systems Ltd, notre consultant qui a soutenu la démarche d'engagement et l'élaboration du guide, les membres véritablement impliqués du Comité sur l’exercice de la profession et du BCCAG, Ryan Melsom, gestionnaire, Compétences professionnelles et secrétaire du BCCAG, ainsi que les conseils judicieux de notre Comité consultatif autochtone (CCA) ». Sheldon Baikie, président du CCA, était également présent au Regroupement national, ainsi que des membres de l’équipe Appartenance et Engagement d’Ingénieurs Canada.
Le Guide sur la consultation et la mobilisation des Autochtones à l'intention des ingénieurs et des firmes d'ingénierie devrait être approuvé par le conseil d'Ingénieurs Canada lors de sa réunion du 26 mai 2023. Une fois le document approuvé, Ingénieurs Canada s'efforcera de le diffuser largement par le biais de ses communications en ligne, de ses programmes de rayonnement et de ses activités professionnelles.
« Un résultat idéal serait que ce genre de travail soit incorporé dans la réglementation, la formation et le développement professionnel continu, dit Ryan Melsom. Nous sommes déterminés à apporter une valeur ajoutée à ce travail et à honorer les contributions de tous ceux et celles qui ont collaboré à son élaboration. »