John Desjarlais nous a récemment fait part de ses réflexions sur son nouveau rôle de vice-président et de ses expériences en tant qu’ingénieur autochtone.
John Desjarlais a récemment été élu à la vice-présidence de l’APEGS, ce qui fait de lui l’un des rares ingénieurs autochtones à occuper ce poste au sein d’un organisme de réglementation du génie. Membre actif des communautés saskatchewanaise et canadienne du génie, John nous a récemment fait part de ses expériences et de ses réflexions au sujet de son nouveau rôle.
Parlez-nous un peu de vous et d'où vous venez.
Je suis un Cri-Métis de Cumberland House, dans le nord de la Saskatchewan. J’ai vécu presque exclusivement dans la communauté, qui relève du Traité numéro 5. La Première Nation de Cumberland House est relativement isolée, et c’est là que ma mère a grandi. Mon père vient de la région de Qu’Appelle, qui relève du Traité numéro 4, une région avec laquelle je suis également fier d’avoir encore des liens étroits. Mon père s’est par la suite installé avec sa nouvelle famille à Cumberland House, où mes parents vivent toujours aujourd’hui. J’ai grandi au sein de la riche culture et la fière histoire de la région, en comprenant que les peuples autochtones avaient joué un rôle clé pour assurer le succès du développement de l’Ouest canadien grâce à la traite des fourrures et à l’économie des ressources naturelles.
Vous remplissez plusieurs rôles bénévoles, notamment comme conseiller de l’APEGS et coprésident du Conseil consultatif autochtone canadien (CCAC) auprès de l’American Indian Science and Engineering Society (AISES). Comment ces différents rôles interagissent-ils et s’inscrivent-ils dans votre parcours actuel?
Ces rôles sont uniques, mais certainement complémentaires, ce dont je tiens compte quand j’envisage les possibilités qui s’offrent à moi. Je me demande d’abord si ces possibilités correspondent à mes valeurs, et le rôle de conseiller de l’APEGS et mes rôles au sein de la communauté canadienne des STIM répondent certainement à ce critère. J’ai de la chance dans mon propre parcours de réconciliation et j’ai pu bénéficier des nombreuses possibilités que ma formation dans les STIM et le soutien que j’ai reçu m’ont ouvertes. Mon parcours m’a aussi permis de voir et de comprendre les défis que bien des gens, y compris les membres de la communauté autochtone, pourraient rencontrer pour accéder à des possibilités semblables. J’ai la responsabilité de contribuer en retour, d’éliminer les obstacles pour les autres, et j’en fais une condition de mon parcours professionnel.
Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus dans votre nouveau poste auprès de l’APEGS et qu’est-ce que vous espérez réaliser?
J’ai hâte d’approfondir mon engagement auprès de l’organisme, d’offrir mon point de vue, et d’avoir une influence sur la façon dont nous, en tant qu’organisme de réglementation, pouvons mieux servir le public et réglementer nos membres. Je me passionne pour la bonne gouvernance et les processus qui appuient une prise de décision efficace et un alignement plus fort des organismes. Notre association procède actuellement à un examen de sa gouvernance, et je participe étroitement à ce projet qui a été lancé en tant que processus d’amélioration continue et découle du désir de nous assurer de toujours réaliser les objectifs de l’association. Je tiens aussi résolument à ce que notre organisme soit accessible et s’acquitte de ses obligations professionnelles dans l’intérêt de la sécurité du public et de la protection de l’environnement. Je m’investis dans ce projet pour faire en sorte que la profession soit aussi représentative de notre public, qu’elle soit inclusive et qu’elle représente l’intérêt du public, qui comprend tous les groupes d’intérêts.
Quels sont certains des défis que vous avez dû relever jusqu’à présent? De quoi êtes-vous le plus fier?
Je n’ai connu que des défis mineurs. L’organisme est très professionnel, bien établi et fonctionne avec une organisation et une structure impressionnantes. J’ai pu donner mon point de vue et mettre à contribution mon expérience en communication et en tant que professionnel autochtone, ce qui, selon moi, a été bien accueilli. La réalisation dont je suis le plus fier jusqu’à présent a été d’utiliser l’appui et l’encouragement de l’APEGS pour faciliter le développement du Conseil consultatif autochtone canadien (CCAC) et de .caISES. Je crois que si je n’avais pas eu ce soutien et ces ressources, ainsi que l’occasion de rencontrer des gens qui partagent mes idées (dont Matthew Dunn et les autres membres du CCAC), ces projets auraient été considérablement retardés ou n’existeraient pas dans leur forme actuelle.
Selon vous, quel rôle les organismes de réglementation du génie devraient-ils jouer pour appuyer les efforts de vérité et réconciliation? Et pour promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion?
Je crois que nous avons un rôle important à jouer dans les efforts de vérité et réconciliation. Nos membres font partie de divers secteurs qui sont directement visés dans les rapports, comme l’éducation et les affaires. En tant que professionnels, nous avons l’obligation fondamentale de promouvoir l’égalité et donc de nous attaquer aux obstacles à l’entrée dans la profession. Si nous savons qu’il existe des obstacles basés sur le genre, un handicap, l’appartenance à une minorité visible ou à une communauté autochtone, nous avons le devoir de nous y attaquer et de faire en sorte que notre profession soit accessible et équitable.
En tant que professionnels, nous interagissons avec le public dans tous les aspects de notre travail (p. ex. : conception, consultation, gestion de projet). Nous devons nous assurer de nous engager dans ce travail non pas en traitant tous les groupes d’intérêts de la même manière, mais en nous efforçant d’atteindre une véritable égalité et une participation équitable. Pour le faire, il faut comprendre que certains groupes d’intérêts qui composent le public sont marginalisés de différentes façons, et nous assurer que les résultats de notre travail ne les marginalisent pas davantage. Les résultats doivent vraiment refléter les intérêts supérieurs de la sécurité du public et de la protection de l’environnement.
Qu’est-ce que vous aimeriez dire aux jeunes autochtones et aux jeunes en général qui envisagent une carrière en génie?
J’encourage vivement les jeunes à envisager une carrière en génie ou en géosciences, ou dans toute profession – mais surtout dans le domaine des STIM – où il y a d’immenses possibilités, en particulier pour les groupes sous-représentés comme le mien, les peuples autochtones. Les possibilités que j’ai eues sont le reflet direct de mon choix de faire carrière en génie, et j’ai entrepris un parcours formidable que je souhaite à d’autres de vivre. Ce parcours n’est pas facile, mais il existe une communauté croissante et florissante pour ceux qui aimeraient s’y joindre, et beaucoup de soutien pour aider les jeunes à réussir. Je sais cela parce qu’il y a de plus en plus de gens comme moi qui aident à faire en sorte que cette communauté grandisse et s’entraide pour réussir.