Le Laboratoire d’innovation en génie s’est récemment penché sur les enjeux clés que sont l’éthique, l’entrepreneuriat et la gérance des technologies.
Lorsqu’il est question de projets susceptibles d’avoir un impact social important, comme le développement de véhicules autonomes, à qui incombe la responsabilité de s’assurer que toutes les dimensions éthiques sont prises en compte? Est-ce que la formation en génie prépare efficacement les nouveaux diplômés qui développeront des technologies susceptibles de transformer le monde? Quels genres de forums pourraient aider l’industrie, le milieu universitaire et le grand public à communiquer et agir face aux risques et aux problèmes potentiels liés aux technologies en émergence?
Il s'agissait là de certaines des grandes questions abordées lors du 14e atelier du Laboratoire canadien d’innovation en génie et du premier sommet conjoint avec l’Engineering Change Lab des États-Unis. Ce sommet, qui a eu lieu à Berkeley, en Californie, du 15 au 17 juin dernier, réunissait environ 70 participants. Beryl Strawczynski, gestionnaire, Recherche réglementaire et Mobilité internationale, y représentait Ingénieurs Canada à titre d’observatrice pour apprendre des conversations et de l’impact qu’elles pourraient avoir dans l’avenir sur la profession d’ingénieur et sa réglementation.
La première journée de la rencontre était centrée sur des questions d’éthique. Des conférenciers représentant des organisations d’ingénieurs nationales et d’État, ainsi que des entreprises privées, ont encadré les discussions en abordant des sujets allant des préjugés inconscients dans le processus de conception en ingénierie aux défis actuels liés au maintien d’un environnement réglementaire pertinent. Un enjeu particulier exploré par le groupe était la question de savoir si la technologie et la société sont des entités distinctes. Si elles sont considérées comme étant indissociables, ont demandé les panélistes, la profession d’ingénieur n’a-t-elle pas alors la responsabilité accrue de solliciter des points de vue extérieurs à sa propre expertise particulière lorsqu’elle développe de nouvelles technologies puissantes?
La deuxième journée, des conférenciers du milieu universitaire et de l’industrie ont discuté de l’environnement entrepreneurial et des effets qu’il exerce sur les questions d’éthique. Plusieurs discussions ont porté sur les façons d’appliquer des cadres entrepreneuriaux pour gérer des problèmes sociaux. Les participants ont aussi abordé l’importance des organismes axés sur des buts et des missions dans la création d’un environnement entrepreneurial éthique. Sur cet impératif pèsent les défis auxquels les entreprises axées sur l’éthique font face lorsqu’elles sont confrontées à des marchés monopolistiques et aux pressions des consommateurs qui ne créent pas nécessairement un écosystème propice à ce sens des responsabilités.
La troisième journée, les participants canadiens ont visité des organismes engagés dans la promotion des STIM, du génie appliqué et de l’éthique. Dans l’un des lieux visités, le Stanford Technology Ventures Program, les Canadiens ont été informés des efforts déployés pour intégrer l’apprentissage de l’éthique dans l’ensemble du programme d’études, au lieu de traiter cet aspect dans le cadre d’un cours distinct. Par exemple, les entrepreneurs aspirants qui suivent ce programme s’initient à l’éthique dès le départ en définissant les valeurs et les principes de leur propre entreprise dans le cadre de leurs cours. Les présentateurs ont aussi discuté de la nécessité d’inclure de multiples départements universitaires dans les discussions au sujet de l’entrepreneuriat et de l’éthique : en intégrant des approches et des points de vue extérieurs au génie, les entreprises se protègent efficacement contre les risques et tirent parti d’avantages inattendus.
Plusieurs thèmes d’importance cruciale ont émergé de la conférence, notamment l’épineuse question de savoir comment les ingénieurs peuvent se concentrer sur le développement de technologies qui soient les plus bénéfiques possible pour l’ensemble de la société. Dans une veine semblable, de nombreuses conversations ont aussi porté sur les risques de définir les problèmes d’une façon qui prédétermine leur solution technologique. Même après de nombreux débats poussant à la réflexion, il est demeuré des questions en suspens quant à la meilleure façon d’appliquer les idées et intuitions exprimées. Reconnaître les enjeux est une chose – s’assurer que cette reconnaissance éclaire la pratique du génie et les politiques en est une autre.