L’objectif 30 en 30 se compose de multiples facettes englobant de nombreux aspects de la sensibilisation, de l’attraction et du maintien dans la profession.

L’objectif 30 en 30 se compose de multiples facettes englobant de nombreux aspects de la sensibilisation, de l’attraction et du maintien dans la profession. Comme l’a mentionné Margaret Anne Hodges, championne 30 en 30 de l’Association of Professional Engineers and Geoscientists of Saskatchewan (APEGS) : « La profession d’ingénieur, y compris la géoscience, doit s’adresser aux filles de tous âges, aux jeunes femmes et aux professionnelles, ainsi qu’à leurs proches qui ont une influence sur leurs décisions, ce qui n’est pas une mince affaire. » Margaret Anne Hodges et Dena McMartin, championne 30 en 30 de l’Université de la Saskatchewan, nous font part de leurs observations et de leurs expériences sur la manière d’atteindre l’objectif 30 en 30 dans leur province.

Quels sont les points saillants de votre travail sur l’initiative 30 en 30 dont vous aimeriez nous faire part?

Dena McMartin (DM) : L’une de nos réalisations les plus importantes dans le cadre de l’objectif 30 en 30 est que nous avons ouvert la voie au réseautage partout au pays et aussi à l’échelle provinciale grâce à la création de la marque et de la campagne « Dream It, Believe It, Be It » de l’APEGS. Les programmes de génie de l’Université de la Saskatchewan et de l’Université de Regina et les camps d’été pour les jeunes prévoient des programmes pour filles parrainés ou promus et appuyés par l’APEGS. Le travail des champions 30 en 30 de la province y est directement lié.

Margaret Anne Hodges (MAH) : L’APEGS a reconnu l’importance des groupes de réflexion démographiques et a mis sur pied des activités pour tous les groupes. Nous sommes bien positionnés grâce à une structure de conseils et de comités complémentaires. Les points saillants comprennent des activités prévues autour du film Dream Big d’IMAX, dont Girls Night Out, en partenariat avec le Saskatchewan Science Centre. Au cours de la Semaine du génie et des géosciences (Engineering & Geoscience Week), nous avons invité des membres de l’APEGS à rendre visite aux élèves des écoles primaires et secondaires de la province afin de leur parler du génie.

Au cours des deux dernières années, le comité de développement des étudiants a collaboré avec l’Université de la Saskatchewan et l’Université de Regina afin d’organiser des activités de mentorat réunissant des étudiantes et des professionnelles pour discuter des avantages et des défis que comporte une carrière en génie ou en géosciences. L’APEGS est également heureuse d’appuyer les initiatives lancées par des étudiantes en génie, telles que Gear-UP, afin d’offrir aux étudiantes de l’Université de la Saskatchewan une expérience concrète en atelier ou en dessin technique. Ainsi, même si les étudiantes n’ont pas étudié ces matières à l’école secondaire, il n’y a aucune raison de s’inquiéter grâce à ces programmes. Quelle belle façon de gagner en confiance!

Pour les membres professionnels, le groupe de champions 30 en 30 travaille avec le comité de perfectionnement professionnel afin de trouver des programmes traitant de sujets tels que les préjugés inconscients, le courage et les milieux de travail psychologiquement sains. En plus de la soirée vin et chocolat, organisée par les femmes de l’APEGS, et les activités de réseautage informelles organisées à Regina et à Saskatoon, les occasions de nouer des liens sont nombreuses.

Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à la réalisation de l'objectif 30 en 30?

DM : Nous percevons plusieurs obstacles à l’atteinte de l’objectif 30 en 30, en plus de plusieurs défis structurels inhérents à la profession et aux activités quotidiennes des étudiants et des professionnels.

MAH : Ironiquement, un obstacle important à l’atteinte de l’objectif 30 en 30 est que les jeunes femmes qui pourraient choisir le génie peuvent également suivre de nombreuses autres voies. Lorsqu’on demande aux hommes pourquoi ils ont choisi le génie, ils répondent généralement qu’ils ne savaient pas trop dans quel domaine poursuivre, mais que, en raison de leurs fortes compétences et de leur intérêt pour les mathématiques et les sciences, les conseillers en orientation leur ont recommandé le génie. Bien que ce même intérêt pour les mathématiques et les sciences soit habituel parmi les femmes qui décident d’intégrer ce domaine, il est clairement démontré que ces mêmes femmes ont de meilleures compétences verbales et écrites, leur donnant ainsi la possibilité d’envisager d’autres carrières qui leur seront recommandées. Nous devons leur donner une raison convaincante de choisir le génie, ce qui constitue encore une fois un défi à multiples facettes.

Quelles sont les choses les plus importantes que vous avez apprises en tant que championne 30 en 30 et dont pourraient bénéficier d’autres intervenants?

DM : La communication d’informations et d’idées sur les pratiques à impact élevé constitue la meilleure partie du rôle des champions 30 en 30. Le réseau de professionnels et d’employés exceptionnels qui s’intéressent réellement à l’accroissement de la diversité au sein de la profession est vraiment inspirant. La découverte de solutions aux problèmes réels rencontrés par les jeunes femmes en génie, le partage d’idées parmi les ingénieures débutantes sur leurs expériences de carrière ainsi que les obstacles (réels ou perçus) auxquels se heurtent les jeunes femmes pour devenir ingénieure stagiaire, puis ingénieure titulaire d’un permis d’exercice, sont des points majeurs.

MAH : Ayant œuvré comme championne 30 en 30 au sein de l’APEGS au cours des dernières années, j’ai remarqué que les femmes exerçant des professions dans ces corps de métier se réjouissent de pouvoir s’exprimer grâce à l’objectif 30 en 30. Plus de femmes servent de modèles et les occasions de rencontrer des filles individuellement sont plus nombreuses, ce qui renforce ainsi l’espoir de faire bouger les choses.

Je suis également heureuse de constater qu'en tant que championne, je vois beaucoup d'intérêt et de soutien de la part de nos collègues masculins, que ce soit en pratique privée, dans les universités ou au sein des organismes de réglementation. Le désir de susciter le changement est réel et la communauté des champions peut aider ses collègues à mieux cerner où se trouvent les défis et les obstacles. De cette façon, nous pouvons nouer des partenariats et mobiliser des hommes ingénieurs pour nous aider à résoudre le problème (c'est d’ailleurs ce que font les ingénieurs) afin qu'ils puissent faire partie de la solution et en tirer une certaine fierté.

Selon vous, que faudra-t-il faire pour atteindre l’objectif de 30 en 30 à l’échelle nationale?

DM : Nous devons nous concentrer sur l’engagement des femmes et des hommes de tous âges, à toutes les étapes de leur carrière et dans tout le continuum de l’éducation, du perfectionnement, de la préparation à la carrière et de la progression de celle-ci. Cela signifie soutenir les enseignants dans la manière dont ils doivent enseigner les concepts d’ingénierie de la maternelle à la fin de l’école secondaire. Cela veut également dire s’assurer que les conseillers d’orientation comprennent bien ce qu’implique une carrière en génie. De plus, cela signifie que les exigences en matière d’inscription dans les programmes postsecondaires doivent être conçues de manière à inclure toutes les personnes qu’une formation en génie intéresse. Dans le continuum d’apprentissage, une stratégie claire doit être définie : elle doit comprendre les rôles des intervenants, de la maternelle à la fin de l’école secondaire, des personnes responsables du recrutement universitaire et des organismes de réglementation. Ces partenaires doivent travailler de concert afin d’assurer partout le plus haut taux de participation. Il peut être tellement facile pour certains groupes d'étudiants d'avoir des échanges ou des occasions leur permettant d’en apprendre sur le génie, alors que beaucoup d’autres n’auront jamais le privilège d’en connaître les possibilités.

MAH : Il y a sans aucun doute une augmentation du nombre de femmes poursuivant des études en génie. Il y a trente ans, en Saskatchewan, il était possible pour les ingénieures de connaître la plupart des autres ingénieures de la province, mais ce n’est plus le cas. La profession peut attirer les femmes, mais, pour augmenter de manière concrète le nombre de jeunes femmes intéressées par le génie, c’est au génie d’aller vers elles. Les filles qui aiment les mathématiques et les sciences ont également d’autres intérêts, comme la musique, la danse et la gymnastique. Demandez à votre entourage et vous serez surpris du nombre de femmes professionnelles dans le monde des arts de la scène.