À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, nous avons rencontré des ingénieurs et des étudiants en génie noirs de partout au Canada pour qu’ils nous parlent de leur histoire, de leur impact et de l’importance de la représentation dans la communauté du génie.
Adekunle Azeez, P.Eng., PMP, PSM
« Le fait de voir quelqu’un comme moi en génie donne à d’autres l’espoir qu’ils et elles peuvent aussi réussir dans ce domaine. »
Le génie offre une foule de possibilités, permettant à chacun et chacune d’exercer sa créativité à travers divers rôles. Adekunle Azeez est un chef de projets de ponts, qui dirige la conception, la préparation des soumissions, l’administration de la construction et la gestion de projets de ponts. Son intérêt pour le génie lui vient à l’origine de son défunt père qui avait remarqué que son fils, dès l’enfance, se souciait de la sécurité des gens et était très créatif. M. Azeez a été encore plus inspiré après avoir vu son oncle aider des gens à réaliser leurs visions, du croquis à la construction physique. Il n’est donc pas surprenant qu’aujourd’hui M. Azeez contribue à la sécurité et au bien-être du public en améliorant des infrastructures publiques telles que des routes, des ponceaux et des ponts, qui facilitent la circulation des personnes et le transport des biens et des services.
Adekunle Azeez se fait également un devoir de partager ses connaissances et ses expériences avec les nouveaux arrivants professionnels. Mentor bénévole pour la Saskatchewan Intercultural Association depuis plus de deux ans, il aide les professionnels du génie formés à l’étranger à s’orienter dans le cheminement menant à l’obtention d’un permis d’exercice et à se préparer aux entretiens d’embauche au Canada.
« Il est important de donner aux ingénieurs formés à l’étranger l’espace nécessaire pour exercer leurs talents, indique M. Azeez. La transition n’est pas une tâche facile, car certains ingénieurs formés à l’étranger peuvent avoir du mal à intégrer le marché du travail, tandis que d’autres y parviendront plus facilement », ajoute-il. Ayant lui-même été formé à l’étranger, Adekunle Azeez s’appuie sur ses expériences et ses connaissances pour conseiller à ces personnes que, même s’il peut y avoir des défis au début, la persévérance, la patience et l’aide offerte par des collègues sont des outils importants pour réussir dans la profession d’ingénieur.
Heather Campbell, B.E.Sc., LL.M., P.Eng.
« Chaque conseil d’administration est suffisamment grand pour accueillir des voix diverses. Personne n’est laissé pour compte dans une transition énergétique équitable. »
Au cours des trois dernières décennies, Heather Campbell a bâti une carrière diversifiée dans le secteur de l’énergie. En tant que directrice générale, Technologies propres, chez Alberta Innovates, Mme Campbell dirige une équipe qui soutient l’innovation et la recherche dans les domaines suivants : la technologie de captage, d’utilisation et de séquestration du carbone (CCUS), l’hydrogène, la bioénergie et l’économie circulaire, les énergies renouvelables et de remplacement, ainsi que les minéraux critiques et les technologies émergentes.
Alors que les pays, les entreprises et les particuliers s’efforcent de lutter contre les changements climatiques, un bon nombre de personnes et d’entreprises se fixent des objectifs de carboneutralité. Mme Campbell ne se concentre pas seulement sur les moyens d’atteindre la carboneutralité, mais aussi sur la façon d’établir la mentalité et les outils nécessaires pour la maintenir. « La conversation sur la carboneutralité est actuellement axée sur les stratégies, les outils et les préoccupations concernant le rythme du changement; elle doit également porter sur les comportements et les valeurs qui permettront d’atteindre cet objectif, dit-elle. Par conséquent, je suis fière, en ce moment même, de pouvoir contribuer à une conversation productive sur une transition énergétique équitable – l’une de mes principales priorités en tant que leader du secteur des technologies propres. »
Pour Heather Campbell, la transition énergétique équitable va au-delà de la simple réduction des émissions. Dans son travail, elle s’efforce de promouvoir l’inclusion, la diversité et l’équité, en utilisant sa voix pour faire avancer ces conversations. En tant que femme noire et ingénieure, Mme Campbell compte les réalités intersectionnelles parmi ses expériences vécues. Cette représentation au sein de la profession d’ingénieur est importante pour elle car elle lui permet de mettre en lumière des enjeux tels que les écarts de rémunération entre les genres et la sous-représentation des femmes dans le secteur de l’énergie, et d’éveiller l’intérêt de la prochaine génération d’ingénieurs. Contribuer à ce que la future main-d’œuvre du secteur des technologies et des énergies propres soit inclusive et permette l’égalité en Alberta et dans le monde est également une priorité pour Mme Campbell.
En dehors de sa pratique, Heather Campbell a toujours été une bénévole engagée dans sa communauté, qui partage activement ses talents, ses ressources et son temps en participant et, souvent, en dirigeant un éventail d’organisations volontairement diversifiées. Mme Campbell est administratrice du conseil du centre d’arts de Calgary, Arts Commons, membre de l’Advisory Council for Western Engineering et commissaire à la Commission de police de Calgary. Elle occupe également deux rôles consultatifs en matière de technologies propres à titre de membre du conseil consultatif du B.C. Centre for Innovation and Clean Energy et membre du conseil consultatif du Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada. Elle est également l’ancienne coprésidente de l’Anti-Racism Advisory Council de l’Alberta et récipiendaire de la Médaille du jubilé de platine de la Reine Elizabeth II.
Victoria Addison, P.Eng., LLM
« Concentrez-vous sur la contribution positive que vous apportez à votre équipe. Votre travail se passera alors de commentaires. »
C’est un professeur d’école secondaire qui a éveillé l’intérêt de Victoria Addison pour le génie minier. Elle a alors appris que ce n’était pas un domaine professionnel traditionnel pour les femmes, et s’est toujours souvenue de ce fait. Mme Addison a ensuite fait des études postsecondaires en génie minier et a été la première femme au Ghana à obtenir un baccalauréat dans cette discipline.
Aujourd’hui, Victoria Addison est ingénieure principale à la division Financement des entreprises de la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique (BCSC). Elle fait partie de l’équipe de la Commission qui réglemente les émetteurs miniers au Canada. Grâce à son expertise en matière d’or, d’argent, de plomb, de zinc et de cuivre, Victoria Addison a travaillé sur divers projets miniers à travers le monde, notamment en Argentine, au Ghana, au Mali, au Mexique, en Turquie et aux États-Unis. Parmi ses nombreuses réalisations au cours de ses 20 ans de carrière, elle est surtout fière d’avoir aidé une entreprise à passer d’une seule mine en exploitation en 2012 à quatre mines en exploitation en 2020. Victoria Addison met également son expertise à contribution en tant que membre active d’Engineers & Geoscientists British Columbia (EGBC), de l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole (ICM) et du West African Institute of Mining, Metallurgy and Petroleum (WAIMM).
Mme Addison estime que le génie est une profession passionnante qui cherche à développer de façon créative des solutions aux problèmes qui ont un impact sur la société, mais que la représentation en génie est particulièrement cruciale. « Le génie favorise la diversité et, comme des études l’ont montré, une équipe diversifiée offre de nombreux avantages, dont l’augmentation de la productivité et la promotion de la créativité et la résilience », dit-elle.
Victoria Addison a également souligné que la représentation est essentielle pour fournir davantage de modèles et encourager la jeune génération à s’intéresser au domaine du génie et à y aspirer. « En tant que personne de couleur, il est parfois facile de penser que l’on n’a pas sa place, que l’on n’est pas à la hauteur ou que l’on ne sera pas capable d’apporter une valeur ajoutée à la profession d’ingénieur, indique Mme Addison. Si vous possédez les bonnes compétences, vous trouverez un emploi passionnant en génie. Alors, continuez à foncer et n’abandonnez pas la poursuite d’une carrière en génie. »
Victory Aifuwa
« Quand vous trouvez des gens qui vous célèbrent et vous encouragent, vous êtes la meilleure version de vous-même. »
Originaire du Nigeria, Victory Aifuwa est étudiante en dernière année de génie mécanique à l’université Memorial de Terre-Neuve. Leader profondément passionnée et empathique, Mme Aifuwa a fondé une section de la National Society of Black Engineers (NSBE) à l’Université Memorial, qui regroupe des étudiants issus de minorités ethniques et crée une communauté favorisant la croissance collective sur les plans professionnel, universitaire et social. « Mes cinq années d’études postsecondaires ont renforcé chez moi l’importance vitale de la représentation ethnique dans les domaines professionnels », indique-t-elle. Les communautés comme la NSBE permettent aux personnes comme elle de se sentir vues et acceptées.
Victory Aifuwa joue un rôle de premier plan dans la promotion des intérêts des groupes sous-représentés en génie à l’Université Memorial. Que ce soit en augmentant la participation des minorités au sein des équipes de conception ou en organisant des séances de réseautage, elle a toujours cette idée en tête, prête à la transformer en action concrète. Après avoir pris conscience de l’impact que le mentorat a eu sur elle, Victory s’est efforcée de « donner au suivant » en devenant elle-même une mentore auprès d’autres étudiants en génie.
L’établissement de la NSBE à l’Université Memorial a suscité des discussions sur l’équité au sein des programmes de génie, créant un impact générationnel et favorisant une meilleure compréhension du soutien dont ont besoin les étudiants minoritaires dans les programmes professionnels. Ses pairs et les dirigeants des programmes de génie la décrivent comme une leader « engagée envers le progrès collectif » et « une inspiration pour les jeunes étudiants en génie ».
À l’université, dans le cadre de la compétition FMUNTenth, Victory Aifuwa a participé à la direction d’une équipe de conception en vue de la construction d’une voiture de course autonome. En tant que responsable du matériel, elle a élaboré la conception initiale de la voiture, de l’approvisionnement en composants matériels à la conception du châssis, en passant par la conception électrique initiale.
Plus récemment, ayant découvert qu’un aspect sous-estimé de la sécurité résidait dans les matériaux utilisés, elle s’est intéressée à la corrosion des matériaux. Elle a donc lancé un bulletin d’information qui analyse des accidents d’ingénierie historiques et décrit leurs causes, afin d’accroître la sensibilisation aux responsabilités des ingénieurs.
Yomi Ojutalayo, P.Eng.
« La représentation dans le domaine du génie est cruciale; elle crée des solutions plus innovantes et favorise une société plus équitable et plus juste. »
Après avoir obtenu son diplôme en génie industriel, Yomi Ojutalayo a appliqué son expertise au sein de la chaîne d’approvisionnement et de distribution d’une grande entreprise canadienne de détail. Possédant plus de 15 ans d’expérience dans le domaine, M. Ojutalayo soutient le développement des systèmes de gestion de la main-d’œuvre (LMS) à travers le réseau de distribution, systèmes qui fournissent aux opérations d’entrepôt et aux gestionnaires des centres de distribution des capacités de planification et de prévision de la main-d’œuvre, des rapports de rendement en temps réel, des analyses de données et des normes de travail établies scientifiquement qui permettent d’améliorer les décisions de gestion, la productivité et l’engagement des employés par l’accompagnement, tout en maintenant les coûts au minimum.
M. Ojutalayo est directeur bénévole de la section Rayonnement et Partenariats de Black Engineers of Canada (BEC) depuis la création de l’organisme en 2020. BEC est une organisation qui vise à éliminer les obstacles à l’admission des ingénieurs noirs au Canada, qu’ils soient formés à l’étranger ou au Canada. « Après 20 ans d’expérience dans le monde des affaires au Canada, je me suis rendu compte que les ingénieurs noirs n’avaient pas de plateforme ni de communauté qui réponde à leur vision et à leur mandat particuliers comme le fait BEC, indique M. Ojutalayo. BEC est une communauté où les ingénieurs noirs peuvent devenir une meilleure version d’eux-mêmes grâce aux divers programmes offerts.
En tant que directeur du programme Rayonnement et Partenariats, Yomi Ojutalayo se concentre sur la création d’un réseau d’alliances stratégiques au sein de l’écosystème du génie, en particulier avec les entreprises, les établissements d’enseignement, les organismes de réglementation et d’autres groupes communautaires ayant une vision commune partout au Canada. « Que vous soyez étudiant dans un établissement de formation en génie au Canada, un récent diplômé ou un nouvel arrivant formé en génie à l’étranger, ou que vous soyez au début ou à une étape ultérieure de votre carrière, BEC est l’endroit pour vous. »