Quel est le point commun entre la conception de canaux, les télécommunications et l’intelligence artificielle?
Quel est le point commun entre la conception de canaux, les télécommunications et l’intelligence artificielle?
Le Canada est un pays aussi vaste que diversifié. Du Nunavut à la Nouvelle-Écosse, les distances y sont longues, la population est dispersée et la géographie variée.
Cette diversité se reflète dans les pages des livres d'histoire du Canada. Et si chacun des chapitres parle de défis différents à relever ? depuis les difficultés logistiques des échanges commerciaux empruntant des canaux au début du xixe siècle jusqu’aux aspects complexes du transport efficace des céréales au xxe siècle –, il existe une constante dans la narration : le génie novateur y est toujours présent. Il fait partie de notre histoire et constitue un élément clé de notre avenir.
Ainsi, la réalisation du canal Rideau à Ottawa a nécessité la mise en application d'une méthode de construction unique en son genre, adaptée aux conditions particulières du pays. En raison des inondations printanières et estivales, le niveau d'eau peut augmenter rapidement de cinq mètres en certains points du canal.
Les techniques européennes étaient trop lentes ou compliquées à mettre en œuvre; le barrage fut emporté à trois reprises avant que soit mise en application la technique des caissons de bois remplis de roches. Robustes et de construction rapide, ces derniers résistaient bien aux conditions changeantes du climat canadien et finirent par contribuer à l'amélioration des échanges commerciaux et à la croissance économique.
Autre innovation typiquement canadienne? Des centaines d'années plus tard, l'avion DHC-2 Beaver de De Havilland fit la preuve des capacités infinies du génie canadien durant son premier vol en 1947. Grâce à sa capacité révolutionnaire de décollage sur courte piste et d'atterrissage et de décollage sur un plan d'eau ou une surface enneigée, le DHC-2 Beaver devint essentiel pour le transport de fret et de voyageurs et des applications particulières comme le poudrage aérien des cultures et l'épandage en couverture.
Équipé de flotteurs ou de skis, le DHC-2 Beaver pouvait atteindre des régions très éloignées et s'est avéré absolument essentiel au développement social et économique du Nord canadien.
De nos jours, les réalisations des ingénieurs canadiens se retrouvent partout au pays, que ce soit dans les eaux profondes des canaux ou la conception des avions ou encore dans les innovations propres au xxe siècle comme les centrales hydro-électriques, les gratte-ciel, l'exploitation minière et l'infrastructure nécessaire à l'extraction des ressources naturelles, les télécommunications ou l'intelligence artificielle.
Afin de célébrer 150 ans d'excellence en génie canadien, nous nous penchons sur le remarquable passé de la profession. Nous avons demandé à certaines des sommités actuelles ? les lauréats des Prix d'Ingénieurs Canada 2017 – de nous faire part des réalisations qu'ils trouvent particulièrement marquantes.
Nommez-nous quelques-uns des exploits les plus remarquables du génie canadien au cours des 150 dernières années.
Amy M. Bilton, PhD, P.Eng. : Le Canadien National, le chemin de fer transcontinental du Canada. C'est un réseau qui a réuni toutes les provinces et a eu une immense contribution au pays que le Canada est devenu.
Larry E. Seeley, PhD, P.Eng. : Dans le domaine des métaux ? je pense à la production du nickel –, nous étions les plus grands producteurs au monde.
Ross Peters, PhD, FCAE, FEC, P.Eng. : Les communications dans les régions éloignées, dans l'Arctique. Les progrès de l'aviation dans les régions éloignées sont reconnus comme une percée technologique très importante pour le Canada.
Jonathan Holzman, PhD, P.Eng. : Les Canadiens, en particulier les ingénieurs canadiens, sont à l'origine de beaucoup des technologies qui transforment aujourd'hui notre existence, sur le plan des communications.
Mary A. Wells, PhD, P.Eng. : Dans le type d'infrastructures que l'on peut voir autour de nous ? des infrastructures sécuritaires, une eau potable sans le moindre risque. Mais je suis aussi très fière de notre système de formation en génie. Nos ingénieurs sont reconnus dans le monde entier et se voient offrir des emplois dans le monde entier.
Eduardo (Ted) Maulucci, P.Eng. : À mes yeux, ce qui est le plus inspirant, c'est le travail du monde universitaire, les changements qu'il apporte. Il se passe tellement de choses que, si nous parvenons à maintenir ? et peut-être à accélérer – notre progression, nous allons être témoins de grandes choses sur le plan de l'innovation au Canada.
Et que peut-on attendre des 150 prochaines années?
Depuis la voiture sans conducteur jusqu'à l'exploration de l'espace, l'éradication de la pauvreté et l'entreposage de l'énergie solaire grâce à des procédés chimiques, allons voir ce que nous réserve le génie canadien pour l'avenir, du point de vue des leaders actuels de la profession.
Eduardo (Ted) Maulucci, P.Eng. : La valeur et l'importance du génie vont connaître un essor extraordinaire. Pensez à toute la technologie qui s'en vient ? vous voudrez devenir ingénieur.
Amy M. Bilton, PhD, P.Eng. : La salubrité de l'eau, l'accès à l'électricité, l'éducation ? le recours au génie pour voir toutes ces choses se réaliser.
Mary A. Wells, PhD, P.Eng. : De l'eau pour une planète dont la population explose. Des logements pour une planète dont la population explose. Et des moyens de transport ? comment nous nous transporterons si on pense à l'Hyperloop et à l'exploration de l'espace, par exemple.
Ross Peters, PhD, FCAE, FEC, P.Eng. : 150 ans, c'est long dans le domaine du génie. Les choses évoluent rapidement. Nous allons rencontrer des obstacles, et l'adaptation ne sera pas l'un des moindres. Les ingénieurs vont devoir prendre part à l'adaptation qui caractérise notre société.
Veronica Knott : Nous accomplirons de grandes choses si les ingénieurs cessent de se contenter de construire des choses pour se mettre à résoudre des problèmes.