La priorité essentielle d’Ingénieurs Canada est de faire avancer le génie canadien grâce à la collaboration nationale. En plus de nos bénévoles et de nos parties prenantes, cette mission est réalisée par plus de 50 membres du personnel d’Ingénieurs Canada à Ottawa, qui travaillent tous à différents programmes, avec différentes ressources et différents outils à l’appui de la profession d’Ingénieur au Canada.  

Cet été, nous vous emmenons dans les coulisses d’Ingénieurs Canada pour vous que vous puissiez voir le travail important des employés et son impact sur la profession d’ingénieur à l’échelle nationale. Nous commencerons par la traductrice interne d’Ingénieurs Canada, Lili El-Tawil. En tant qu’organisme national, Ingénieurs Canada publie des documents dans les deux langues officielles, à savoir l’anglais et le français. Parmi ces documents, mentionnons Parlons génie, le bulletin d’Ingénieurs Canada, ainsi que d’autres bulletins d’Ingénieurs Canada, du contenu et des documents sur notre site Web, et bien d’autres. Dans cette entrevue, Mme El-Tawil nous offre son point de vue sur le secteur de la traduction, le processus de la traduction, les transitions dans le domaine et ses projets préférés à Ingénieurs Canada jusqu’ici. 

Q : Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la traduction et comment avez-vous intégré ce secteur? 

R : La traduction semblait être un choix évident, puisque je parle couramment plusieurs langues et de plus, mon père a travaillé un peu dans la traduction. Toutefois, je n’ai commencé à envisager la traduction qu’au début de la vingtaine, lorsqu’on m’a demandé de faire des traductions. Je me suis ensuite mise à traduire régulièrement. Après avoir obtenu ma licence en lettres, j’ai décidé de passer l’examen d’entrée à l’École de Traduction et d’Interprétation (ETI) à Genève, en Suisse. C’est une école très sélective, avec un taux d’acceptation d’environ 25-30 %. J’ai réussi à entrer au niveau de la maîtrise, que j’ai terminée en 1998. Mais ensuite, j’ai exploré d’autres professions comme l’enseignement, et je n’ai traduit qu’à temps partiel et comme pigiste. J’ai commencé à travailler comme traductrice à plein temps en 2017. J’ai beaucoup aimé ce métier et j’ai décidé de continuer.  

Q : À quoi ressemble votre journée typique de travail de traductrice à Ingénieurs Canada?   

R : Chaque jour est différent. Habituellement, je reçois des demandes de traduction de mes collègues d’Ingénieurs Canada, notamment des bulletins, des notes de breffage, des procès-verbaux de réunion, des énoncés de principe nationaux, des communiqués de presse, de la correspondance, etc. Je les traite au moyen d’un logiciel qui prétraduit le texte à l’aide des mémoires de traduction existantes (une base de données qui contient nos traductions précédentes). Ensuite, le document est envoyé à l’un.e des pigistes avec lesquels je travaille. Parfois, je traduis les documents moi-même. Je tiens un journal des demandes de traduction et des échéances. Comme je dessers toute l’organisation, j’ai souvent du pain sur la planche! 

Outre le traitement des documents à traduire, je révise les traductions qui me sont renvoyées, je traite les factures des pigistes et je mets à jour la mémoire de traduction et notre base terminologique. Parfois, je révise des transcriptions de vidéos et j’écoute l’interprétation simultanée, ce qui apporte de la variété dans le travail de traduction. Tout cela me tient très occupée, surtout pendant les préparatifs de réunions! 

Q : Quel est le côté unique de votre rôle à Ingénieurs Canada? 

R : Je suis la seule traductrice interne, donc, c’est assez unique!  Je suis également la seule référence linguistique, donc, s’il y a des problèmes ou des questions liés à la terminologie en français et en anglais, c’est moi la personne-ressource. 

Q : Quel était le projet le plus intéressant auquel vous avez travaillé à Ingénieurs Canada et pourquoi?

R : J’ai travaillé à plusieurs projets intéressants. Ceux que j’ai préférés, c’était la traduction de ressources pour la Conférence 30 en 30, dirigée par notre équipe Appartenance et engagement, ainsi que la traduction du contenu pour le programme de prix d’Ingénieurs Canada, y compris les biographies des lauréat.e.s des prix et les sous-titres des vidéos des cérémonies de remise de prix. C’était particulièrement intéressant parce que j’ai pu lire les histoires d’ingénieur.e.s et d’étudiant.e.s en génie, ainsi que celles de membres divers de la communauté d’ingénieurs (femmes, personnes LGBTQ2E+, Autochtones, personnes de couleur, immigrants, etc.). C’est toujours intéressant d’en savoir plus sur leurs expériences dans la profession, ainsi que leurs réalisations et leurs défis. 

Q : Quel était le projet le plus difficile auquel vous avez travaillé jusqu’ici?

R : La plus grande difficulté pour moi sont les échéances serrées et les textes longs ou difficiles. Il y a toujours beaucoup à faire à Ingénieurs Canada et, parfois, même le demandeur ne peut pas contrôler les délais fixés. 

La traduction devient également un défi lorsque le texte d’un document anglais est verbeux, trop stylisé ou difficile à déchiffrer, même en anglais. 

Q : De quelle façon le secteur de la traduction a-t-il évolué depuis que vous avez commencé à y travailler?

R : Il y a eu quelques changements dans les traductions contemporaines, comme l’écriture inclusive. Celle-ci cherche à inclure l’ensemble du lectorat, indépendamment du sexe, du genre ou de l’identité sexuelle. Les pronoms de genre, notamment l’utilisation du pronom iel, sont l’une des plus grandes transitions. Dans l’écriture inclusive, il est important d’inclure les variantes masculines et féminines de certains mots. Par exemple, la traduction de « engineers » est « ingénieur.e.s », ce qui englobe à la fois les hommes et les femmes. Les conventions pour ce type d’écriture peuvent varier, on utilise parfois la barre oblique ou le tiret.  

En outre, il existe de nouvelles expressions et de nouveaux mots à la mode en anglais, qui n’ont pas encore d’équivalent officiel en français. Des mots comme « woke » ou « FOMO » (fear of missing out) en sont des exemples.  

Bien qu’il y ait eu quelques changements au fil des ans, la traduction est toujours en constante évolution.

Q : Existe-t-il des idées reçues sur la traduction? 

R : Une des idées reçues sur la traduction est qu’elle peut être un processus mécanique et que des traducteurs automatiques comme Google peuvent s’en charger. Les traducteurs ne sont pas des machines et ne peuvent pas être remplacés par des machines. 

Il est vrai que les traducteurs automatiques ont transformé le monde de la traduction et que les traducteurs sont devenus davantage des « réviseurs ». Certains de mes collègues traducteurs comparent ces systèmes aux caisses automatiques qui ont remplacé les caissiers, transformant ces derniers en surveillants. Toutefois, contrairement aux caisses automatiques, aucune machine à traduire ne sera capable de saisir pleinement le contexte et les nuances ni de « penser » comme un être humain – du moins pas dans un avenir proche. Les capacités intellectuelles des humains et l’élément humain restent essentiels dans la traduction. 

Une autre idée reçue est que si l’on connaît la langue, il est facile de « simplement traduire ». La traduction est une compétence pointue. Même si les traducteurs et traductrices ne suivent pas tous une formation officielle, il s’agit incontestablement d’une compétence à acquérir et à perfectionner au fil du temps, et d’un processus d’apprentissage constant.

Q : Si vous pouviez échanger votre poste avec un.e autre employé.e d’Ingénieurs Canada pour une journée, quel poste choisiriez-vous et pourquoi?   

R : J’aimerais beaucoup le rôle de spécialiste des communications, notamment rédiger du contenu, surveiller la presse et les médias et assurer la liaison avec différentes équipes pour les aider à créer du contenu. J’aimerais aussi faire partie de l’équipe Appartenance et engagement pour faire avancer l’équité, la diversité et l’inclusion (ÉDI) en génie, réseauter avec la communauté de l’EDI, organiser des conférences et, surtout, faire connaître les histoires et les points de vue des groupes sous-représentés en génie.