Un nouveau rapport examine les effets de l’ajout de la prestation de soins en tant que catégorie de développement professionnel continu qui existe au Yukon depuis 2021.
En 2021, Engineers Yukon a ajouté la prestation de soins à ses catégories de développement professionnel continu (DPC). Les chercheuses Alison Anderson et Angel Henchey examinent maintenant de plus près ce que ce changement signifie pour les ingénieurs du Yukon.
« L’un des principaux enseignements de cette étude est que la plupart des ingénieurs fournissent un certain type de soins, et que ces soins pèsent lourd. Les résultats indiquent que certains mettent même leur carrière en veilleuse pour s’acquitter de leurs responsabilités en matière de prestation de soins », a expliqué Alison Anderson.
Le programme de DPC d’Engineers Yukon, qui a débuté en 2009, établit les exigences minimales de développement professionnel pour le maintien des compétences et des aptitudes requises des ingénieurs au Yukon. Les ingénieurs dans cette province doivent accumuler 240 heures de DPC sur trois ans dans au moins trois catégories distinctes.
L’inclusion de la prestation de soins en tant que catégorie de DPC vise à réduire le fardeau associé à la satisfaction des exigences de DPC tout en composant avec les responsabilités liées aux soins. Elle reconnaît également la valeur des compétences acquises dans le cadre de la prestation de soins – telles que la communication, la patience et la résolution de conflits.
La prestation de soins prend souvent la forme d’une prise en charge d’enfants ou de parents adultes dépendants. Actuellement, les ingénieurs peuvent déclarer jusqu’à 20 heures de DPC par année pour ce genre d’activités, à raison d’une heure de DPC pour 15 heures de soins.
Étant donné qu’en raison des rôles sociaux attendus des hommes et des femmes, les femmes sont plus susceptibles d’être les proches aidantes, cette catégorie de DPC soutient également l’initiative 30 en 30 de la profession d’ingénieur, qui vise à hausser le pourcentage d’ingénieures nouvellement titulaires d’un permis à 30 % d’ici à 2030 en leur apportant un soutien supplémentaire.
« Il est essentiel de faire le lien entre la pratique et la recherche universitaire pour faire progresser la diversité et l’inclusion au sein de la population active. C’est particulièrement vrai dans le domaine du génie, où les femmes continuent de se heurter à de nombreux obstacles. J’ai été heureuse de collaborer avec Engineers Yukon, qui a révisé les exigences de son programme de DPC afin de mieux soutenir les proches aidants, un élément essentiel de notre société », a déclaré Angel Henchey.
Anderson et Henchey ont réalisé neuf entrevues pour mieux comprendre les expériences et les points de vue des ingénieurs en ce qui concerne la conciliation des responsabilités familiales et professionnelles. Elles ont ensuite élaboré un sondage basé sur les objectifs de l’étude et les thèmes qui sont ressortis des entretiens. Le sondage a été envoyé à tous les membres d’Engineers Yukon et donné lieu à 139 réponses admissibles (soit un taux de réponse de 12 %).
En particulier, les répondants qui ont déclaré plus de 20 heures de prestation de soins par semaine ont fait état de niveaux de stress plus élevés, d’une moindre satisfaction au travail et d’une capacité réduite à saisir les occasions d’avancement professionnel. Malgré cela, et bien que plus de la moitié des réponses au sondage indiquent que les responsabilités de proche aidant représentent en moyenne 26,6 heures par semaine, seuls 13 % des répondants ont revendiqué des heures de DPC en tant que proches aidants.
Les raisons de ce faible taux de participation allaient du manque de connaissance de cette catégorie de DPC à la crainte d’être stigmatisé, en passant par l’ignorance des conditions d’admissibilité à ce DPC. La sensibilisation accrue post-sondage laisse penser qu’il y aura plus de participation dans l’année à venir, car plus de personnes seront informées de l’existence de cette possibilité.
« Les employeurs cherchent des moyens de mieux soutenir et retenir les ingénieures, tandis que les organismes de réglementation s’efforcent d’éliminer les obstacles à la rétention dans leurs politiques et leurs cadres. Nos travaux suggèrent que le fait de soutenir les proches aidants en leur offrant des conditions de travail et de développement professionnel flexibles peut favoriser le maintien en poste », a indiqué Alison Anderson.
Le rapport recommande de mieux faire connaître la catégorie de DPC pour la prestation de soins, d’encourager les employeurs à mieux soutenir les proches aidants par des politiques flexibles et de réduire la stigmatisation des proches aidants.