Ingénieurs Canada a offert son appui à un groupe d'ingénieurs, de professeurs et d'étudiants en génie, d'administrateurs d’université, d'anciens étudiants et de gardiens de l'anneau de fer qui demandent que la cérémonie d'engagement de l'ingénieur (également appelée « cérémonie de l'anneau de fer ») soit modernisée pour refléter les responsabilités et les valeurs contemporaines des ingénieurs. 

Ingénieurs Canada, ainsi que certains organismes provinciaux et territoriaux de réglementation du génie figurent parmi les signataires d'une lettre que le groupe a envoyée à la Société des Sept Gardiens, l'organisme qui administre la cérémonie, officiellement appelée Le Rite d'engagement de l'ingénieur.

Lors de la conférence de l'Association canadienne de l’éducation en génie qui s'est tenue en juin 2022, une table ronde a eu lieu sur la cérémonie d'engagement de l'ingénieur et l’importance qu'y occupe Rudyard Kipling. Les discussions ont mené à une allocution de 10 minutes lors de la clôture de la conférence, allocution au cours de laquelle les participants de partout au pays se sont prononcés en faveur d’un changement. Depuis, le groupe a continué à plaider pour des changements dans la cérémonie d’engagement de l’ingénieur et dans la culture du génie en général et il a continué à recevoir des messages de soutien. 

Dans sa lettre aux Sept Gardiens, le groupe reconnaît que l'anneau de fer est un symbole fort pour de nombreux ingénieurs et que la cérémonie d’engagement est un important rite de passage pour les diplômés en génie. Cependant, le groupe soulève trois préoccupations concernant la cérémonie, notant que cette expérience positive d’affirmation est de plus en plus éloignée de la réalité de tout le monde.

Premièrement, la cérémonie n'accorde pas de véritable capacité d’action aux ingénieurs et ne parvient donc pas à incarner une compréhension globale de l'éthique en génie. Les auteurs de la lettre affirment que la cérémonie actuelle limite implicitement la pratique du génie aux types de travaux qui prévalaient à l’époque où le rite a été créé, laissant de côté de nombreuses formes de la pratique actuelle. Par exemple, la cérémonie ne mentionne pas le rôle des ingénieurs dans les questions environnementales ou sociales systémiques ni l'importance d’établir et de maintenir la confiance avec les communautés. Elle accorde un mandat limité aux ingénieurs, laissant entendre qu'il n'est pas de la responsabilité de l'ingénieur de considérer quoi que ce soit au-delà des tâches qui lui ont été assignées. Les auteurs de la lettre précisent que la cérémonie actuelle ne répond pas aux attentes selon lesquelles les ingénieurs doivent faire preuve d'esprit critique, contribuer aux décisions de haut niveau qui orientent le travail d'ingénierie ou s'exprimer lorsqu'ils ont des préoccupations en matière de sécurité, de bien-être, d'environnement ou autres.

Deuxièmement, le manque de clarté et de transparence du texte de la cérémonie et des structures et processus des Camps et de la Société des Sept Gardiens est contraire à la pratique éthique du génie. La lettre fait valoir que le texte de la cérémonie est archaïque et parfois difficile à comprendre. La gouvernance et le secret qui entoure la cérémonie – il est par exemple conseillé aux participants de ne pas discuter de la cérémonie par la suite, et les amis et membres de la famille des participants ne sont pas autorisés à y assister à moins qu'ils ne soient eux-mêmes des ingénieurs ayant reçu leur anneau de fer – sont contraires à la pratique éthique du génie qui est transparente et destinée à servir le public.

Troisièmement, la cérémonie elle-même est imprégnée de visions du monde dépassées et nuisibles, notamment le colonialisme, le racisme et le sexisme. Le texte de la cérémonie a été écrit par l’impérialiste notoire Rudyard Kipling, et les auteurs de la lettre soulignent que les ingénieurs canadiens ont joué un rôle important dans la colonisation. Modifier cette cérémonie d’engagement est une façon pour les ingénieurs de répondre aux appels à l'action de la Commission de vérité et de réconciliation. La cérémonie comprend également des lectures de textes et un symbolisme qui sont explicitement religieux et/ou patriarcaux. Cela peut rendre la cérémonie peu accueillante pour les femmes et pour ceux et celles qui ne partagent pas les croyances chrétiennes.

Dans sa lettre, le groupe formule une série de recommandations qu'il demande à la Société des Sept Gardiens de mettre en œuvre. Tout d'abord, le groupe propose un moyen de repenser la cérémonie d'engagement de l'ingénieur pour le 21e siècle. Ensuite, il demande aux Gardiens de s'engager à rendre des comptes et à faire preuve de transparence. Enfin, il demande aux Gardiens de réduire les dommages imminents pendant le processus de modernisation et expliquent comment y parvenir.

Vous pouvez lire la lettre complète soumise à la Société des Sept Gardiens ici

Dans un communiqué de presse publié en novembre, la Société des Sept Gardiens a annoncé qu'elle avait mis sur pied un comité de révision du rite au début de 2022, dont le travail initial a consisté à solliciter des points de vue et idées et à écouter attentivement ce qu’avaient à dire les candidats qui venaient de recevoir leur anneau, les bénévoles des Camps et les autres parties prenantes concernées. Un argumentaire officiel en faveur de changements, ainsi que des principes directeurs, seront présentés aux membres de la Société avant l'élaboration de recommandations spécifiques.

Le groupe n'est pas le premier à réclamer que des changements soient apportés à la cérémonie d'engagement de l'ingénieur. Par exemple, pour donner suite aux préoccupations concernant le manque d’inclusivité de la cérémonie, Ingénieurs Canada et les organismes provinciaux et territoriaux de réglementation du génie ont demandé en 2020 à la Société des Sept Gardiens de moderniser son approche et d'envisager la révision de la structure et des pratiques de gouvernance de la Société et de ses Camps.

Mention de source : Steel Iron Ring par Dllu est autorisé en vertu de CC BY 4.0