Professeure en génie électrique, Université d’Ottawa
Directrice, Centre en génie entrepreneurial de la conception (CGEC)
Chaire en génie entrepreneurial de la conception du CRSNG
Alors que partout dans le monde on avait de plus en plus besoin d’équipement de protection individuelle (EPI) et de fournitures médicales en raison de la pandémie de COVID-19, la communauté des inventeurs – une communauté de personnes qui, partout dans le monde, offre l’espace et l’équipement nécessaires pour inventer, concevoir, tester, faire des prototypes et concrétiser des idées – s’est rapidement mobilisée pour trouver des manières d’utiliser des modèles à source ouverte afin de répondre à l’appel des médecins et des travailleurs de première ligne.
Par exemple, le Centre en génie entrepreneurial de la conception (CGEC) de l’Université d’Ottawa est l’une des nombreuses installations universitaires canadiennes produisant actuellement des équipements de protection pour les travailleurs de la santé et d’autres intervenants.
« Nous nous sentions impuissants au début de la crise de la COVID-19 – nous ne savions pas exactement quoi faire, indique Hanan Anis, professeure, titulaire de la Chaire en génie entrepreneurial de la conception du CRSNG à l’Université d’Ottawa, et directrice du CGEC. Nous avons regardé l’Italie et vu des médecins sans écrans faciaux, et ma première pensée a été : « Nous pouvons en produire ».
Elle, ses étudiants et ses employés se sont rapidement détournés de leurs travaux courants pour se concentrer sur la création des EPI dont les travailleurs de première ligne et les médecins avaient cruellement besoin. Ils ont effectué des recherches en ligne, ont modifié les modèles d’écran facial existants et, en l’espace de quelques heures, en ont imprimé plusieurs exemplaires à l’aide des imprimantes 3D de Markerspace. Ils ont ensuite travaillé avec un certain nombre d'hôpitaux locaux pour améliorer leur conception initiale et l’adapter aux besoins des différents travailleurs de la santé.
Depuis qu’ils ont annoncé sur les réseaux sociaux que des écrans faciaux seraient disponibles, les courriels de professionnels de la santé et d’autres intervenants ayant besoin de cet équipement ne cessent d’affluer, indique Mme Anis. En travaillant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ils ont pu imprimer 300 écrans par jour. En date du 5 juin, ils avaient distribué plus de 9 050 écrans faciaux réutilisables dans 35 établissements d’Ottawa et des environs, y compris des hôpitaux, des cliniques, des hospices et des établissements de soins de longue durée.
Conscients que, ici ou ailleurs dans le monde, le système de soins de santé pourrait se trouver débordé, Mme Anis et ses étudiants se penchent en ce moment sur un prototype de respirateur bon marché. Comme le reste de la communauté internationale des inventeurs, ils vont partager leurs modèles avec d’autres communautés, pour que tout endroit sur la planète qui est confronté à une pénurie puisse produire les équipements et les appareils localement.
« Nous essayons de prendre un peu d’avance sur la courbe, explique Hanan Anis. Nous n’essayons pas de rentabiliser la chose ou de vendre ces appareils. Au lieu de rester impuissants, nous essayons de faire quelque chose qui pourrait s'avérer utile pour quelqu'un. »
Ce désir d’aider est ce qui définit un ingénieur, précise Mme Anis. En définitive, pandémie ou pas, la fonction de l’ingénieur est toujours la même, comme le stipule leur obligation professionnelle : comment protéger au mieux le public. Différents types d’ingénieurs possèdent différents types de compétences et protègeront le public de différentes manières.
« Nous savons très bien que ce genre de crise définira notre génération, conclut-elle. Nous devons agir. Les ingénieurs construisent des choses. Nous disons à nos étudiants que notre rôle est de servir la société. Que nous produisions des respirateurs ou des écrans faciaux, c’est notre petite contribution. Je suis certaine que d’autres personnes peuvent faire beaucoup de choses. Nous devons tous examiner nos compétences et déterminer ce que nous pouvons faire. »
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