Deux championnes 30 en 30 de l’Île-du-Prince-Édouard nous ont fait part du travail remarquable qu’elles réalisent pour augmenter le nombre d’ingénieures dans leur province.
Nous nous sommes récemment entretenus avec Amy Hsiao, championne 30 en 30 pour l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard (UPEI), à propos du travail remarquable qu’elle réalise avec Glenda MacKinnon-Peters, championne 30 en 30 pour Engineers PEI, dans l’optique d’augmenter le nombre d’ingénieures dans leur province.
Quels sont quelques faits saillants concernant votre travail 30 en 30 dont vous aimeriez nous faire part?
En octobre 2018, Glenda et moi avons organisé un atelier sur la création de lieux de travail inclusifs pour les deux sexes qui s’est avéré très populaire auprès d’étudiantes de la faculté de génie de la conception durable (FSDE) de l’UPEI, d’ingénieures, d’Engineers PEI et de femmes travaillant dans d’autres domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) à l’Île-du-Prince-Édouard. Il s’agissait d’une initiative conjointe menée par le Secrétariat interministériel aux affaires féminines de l’Île-du-Prince-Édouard, Engineers PEI et la FSDE de l’UPEI.
La FSDE a lancé un programme estival de recherche pour les filles des 11e et 12e années qui consiste à mener un projet de recherche avec une femme membre de la faculté ou encore avec une étudiante des cycles supérieurs en génie. Ce programme, qui s’intitule « Promoting Girls in Research in Engineering and Sustainability (ProGRES) », est très sélectif, et les filles qui y sont inscrites se voient octroyer une bourse tout en bénéficiant de mentorat et en découvrant l’univers du génie pendant une période de cinq semaines en juillet et en août. Ce programme est soutenu par une subvention du programme PromoScience du CRSNG et par Alumni and Engagement de l’UPEI. Ce programme a été un grand succès sur le plan du recrutement, car les filles inscrites au programme ProGRES parlent aussi de leurs expériences et expliquent à d’autres filles ce qu’est le génie!
Par ailleurs, j’ai coordonné des dîners, des pauses d’études, des activités sociales et, plus récemment, des petits-déjeuners sur les femmes en génie entre Engineers PEI et la FSDE de l’UPEI. Cette dernière participe aux journées Go Eng Girl et Go Code Girl depuis 2017, au même titre que plus de 20 autres universités canadiennes qui tendent la main aux filles des 7e à 10e années. De plus, j’organise des événements d’insignes des Guides du Canada sur les « aimants » et l’« énergie » en ingénierie, et je continue de développer de nouvelles activités de rayonnement de la sorte pour les filles âgées de 5 à 11 ans.
Que considérez-vous comme les principaux obstacles à l’atteinte de 30 en 30?
Le principal obstacle est de permettre à des filles du premier cycle du secondaire qui sont douées pour les mathématiques et les sciences, ou qui ont un intérêt pour les mathématiques et les sciences, de découvrir ce qu’est le génie afin de leur permettre de réaliser qu’il s’agit d’un excellent choix de carrière et d’un programme très gratifiant à l’université. Les femmes ne sont pas sous-représentées en biologie ou en chimie et, la plupart du temps, les filles des 7e à 12e années ne savent même pas que le génie est une option et elles s’inscrivent donc en sciences. Ce message ainsi que la rencontre d’ingénieures et d’étudiantes en génie sont critiques. Si nous atteignons un ratio de 50 % d’étudiantes en génie, il est alors très probable que nous atteignions un ratio de 30 % de nouvelles ingénieures titulaires de permis d’ici 2030.
Quelles sont les choses les plus importantes que vous avez apprises comme championne 30 en 30 dont pourraient bénéficier d’autres femmes?
- Nous, les femmes, sommes plus efficaces lorsque nous travaillons ensemble.
- Nous sommes plus efficaces lorsque des hommes travaillent avec nous, en paroles, en actions et en idées, pour nous approcher de l’équilibre et de l’équité, de l’égalité hommes-femmes et de l’inclusivité des sexes.
- Nos actions sont plus efficaces que nos mots : nous devons toujours mettre l’accent sur la compétence dans notre profession et mettre en valeur nos réalisations respectives ainsi que la qualité de notre travail.
- Nous devons être capables d’exprimer soigneusement et clairement ce qu’est l’enjeu : la sous-représentation des femmes en génie. Cela mène à d’autres enjeux relatifs à des stéréotypes et à des préjugés, mais c’est la sous-représentation qui est le cœur du problème.
Selon vous, que faudra-t-il faire pour étendre 30 en 30 à l’échelle nationale?
Nous devons commencer à développer chez les filles âgées de 10 à 18 ans une compréhension de la réalité du travail d’une ingénieure, multiplier les interactions vraiment significatives avec des ingénieures et des modèles de rôle, et fournir une expérience pratique des STIM (plutôt que se limiter à la connaissance des STIM). Quand cela est approprié, nous devons aussi isoler l’ingénierie des STIM lorsqu’il est question de recrutement, notamment dans des clubs et dans le cadre d’événements et d’activités de rayonnement. Enfin, nous devrions démontrer comment le génie ouvre la porte non seulement à un emploi respecté et bien rémunéré, mais aussi – et surtout – à une carrière qui contribuera à rendre le monde meilleur et plus durable pour tout le monde.