En Colombie-Britannique, des élèves du secondaire mettent en boîte la technologie satellitaire.
Les élèves participant à la compétition CanSat de l’Agence spatiale européenne (ASE) doivent fabriquer une sonde satellitaire pas plus grande qu’une cannette de soda, la lancer à un kilomètre d’altitude, la déployer, puis enregistrer des données de température tout en réalisant une mission secondaire pendant la descente. Pour une deuxième année consécutive, des élèves de St Thomas More Collegiate, à Burnaby, en Colombie-Britannique, représenteront le Canada lors de cette compétition qui aura lieu en Europe, en juin prochain.
L’enseignant qui les encadre, Joe Muise, parle de cette aventure en termes de risque et de résilience. « Nous n’avions jamais construit une chose pareille », raconte-t-il, en précisant que personne ne savait même s’il était possible, sur le plan pratique, de dépêcher une équipe en Europe. Une chose est sûre : la compétition ne consiste pas seulement à fabriquer un appareil.
Au début, l’équipe s’est surtout inquiétée de savoir où trouver des conseils techniques et du soutien financier pour mener le projet à terme. Pour les motiver, Joe Muise leur a répété l’adage voulant que « qui ne risque rien n’a rien ».
La persévérance des élèves a été récompensée. Ils ont obtenu des conseils techniques de la part de membres de l’industrie aérospatiale canadienne et du Bureau de l’éducation de l’Agence spatiale européenne. De plus, la Fondation canadienne de l’IEEE et Engineers and Geoscientists BC leur a accordé une aide financière.
Outre la quête d’expertise et de fonds, d’autres obstacles se sont dressés sur leur chemin.
Au fur et à mesure que le projet avançait, l’équipe se demandait comment elle allait s’y prendre pour transporter la sonde jusqu’en Europe. « On s’entendait pour dire qu’il valait mieux ne pas la mettre dans les bagages enregistrés, explique M. Muise, d’une part, parce qu’il est toujours possible de perdre des bagages, d’autre part pour des raisons de sécurité aérienne. »
« Nous avons donc rangé la sonde dans une valise rigide de cabine et nous l’avons étiquetée aussi explicitement que possible pour qu’il n’y ait pas de malentendu quant à la nature de l’objet ». Même si l’équipe était un peu « stressée », tout s’est bien passé.
Pour ce qui est du développement de la sonde, M. Muise affirme avoir été étonné par le niveau de compétence technique dont les élèves ont fait preuve. « Ils savent très bien programmer et monter des pièces électroniques. Ils utilisent l’impression 3D et comprennent parfaitement comment utiliser la technologie nécessaire à la réalisation de ce projet ». Il affirme qu’il y a seulement dix ans, ces compétences n’auraient jamais été aussi prononcées.
Autre changement : deux des six membres de l’équipe étaient des filles. M. Muise en est particulièrement fier, car la représentation des filles dans ces équipes tourne généralement autour de 10 %.
Beaucoup de travail a été accompli, mais Joe Muise estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour que ce programme prenne de l’ampleur au Canada. Selon lui, la participation du Canada à la compétition CanSat est encore « embryonnaire ». Pour encourager d’autres élèves à lui emboîter le pas, cette année, l’équipe de l’école St Thomas compte documenter et communiquer son expérience au moyen de vidéos.
Le projet a également été enrichissant pour Joe Muise. En tant qu’enseignant, il dit avoir particulièrement apprécié le cycle de conception et mesuré l’importance de l’intégrer à son enseignement sous la forme d’un modèle permettant de relever les défis du génie. En définitive, l’un des grands atouts de ce projet, c’est d’apprendre par l’expérience.
« La compétition CanSat impose aux élèves des contraintes qui sont absentes de l’enseignement régulier, explique-t-il. Par exemple, leur sonde ne devait pas dépasser un certain poids et il fallait choisir les pièces en respectant un certain budget. Ils ont donc été obligés de prendre des décisions réfléchies au moment de concevoir la sonde. »
À l’approche de la compétition de 2020, l’équipe est en train de réaliser son projet et cherche le soutien d’experts et de bailleurs de fonds. Si jamais votre organisation désirait donner un coup de pouce technique ou financier à ces jeunes, communiquez avec Joe Muise, à joe.muise@stmc.bc.ca.