Au début du mois d’août, Philip Rizcallah s’est joint à Ingénieurs Canada en tant que nouveau chef de la direction de l’organisme. Il nous arrive de Normes d’accessibilité Canada, où il a été le premier chef de la direction de cet établissement public fédéral. À ce titre, il a dirigé l’élaboration de plusieurs normes et projets de recherche visant à éliminer les obstacles à l’accessibilité des personnes en situation de handicap.   

Parlons génie s’est entretenu avec M. Rizcallah au sujet du premier mois qu’il a passé dans ses nouvelles fonctions.  

Parlons génie : Quelles sont vos premières impressions d’Ingénieurs Canada et du travail que nous accomplissons ?  

Philip Rizcallah : Il est clair pour moi qu’Ingénieurs Canada joue un rôle central dans l’avancement de la profession d’ingénieur au Canada et à l’étranger.   

L’organisme gère un portefeuille diversifié. L’agrément des programmes d’études de premier cycle en génie est bien connu. Nous nous assurons que les diplômés de ces programmes satisfont aux exigences de formation universitaire pour l’obtention d’un permis d’exercice, ce qui favorise un niveau élevé de confiance chez les employeurs qui savent que les diplômés sont prêts à entrer sur le marché du travail, quel que soit l’établissement d’enseignement supérieur où ils ont obtenu leur diplôme. En outre, nous défendons les intérêts des ingénieurs auprès des gouvernements sur les questions de politique qui ont un impact sur la profession, nous collaborons avec les organismes de réglementation du génie pour promouvoir la cohérence et la reconnaissance mutuelle, et nous travaillons sans relâche pour faire progresser la diversité et l’inclusion au sein de la profession. Grâce à des programmes tels que 30 en 30, nous espérons encourager davantage de femmes à intégrer la profession d’ingénieur. 

PG : Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous considérez la vision d’Ingénieurs Canada de « faire avancer le génie canadien grâce à la collaboration nationale » ?  

PR : Lorsque je pense à la vision d’Ingénieurs Canada, je pense au système fédératif du Canada. Cela n’est pas sans rappeler mon travail précédent auprès du gouvernement fédéral et ma collaboration avec des partenaires des gouvernements provinciaux et territoriaux : chaque entité joue un rôle crucial, mais unique, dans un écosystème de gouvernance. Dans le cas de la profession d’ingénieur, les organismes de réglementation sont responsables de l’attribution des permis et de la réglementation des ingénieurs dans leur zone de compétence respective. Ingénieurs Canada, quant à lui, renforce la confiance nationale et mondiale dans la profession par le biais de l’agrément, de la collaboration et de la cohérence, et encourage la mobilité des ingénieurs formés tant au Canada qu’à l’étranger.  

PG : En tant que nouveau chef de la direction, sur quoi vous concentrez-vous en premier lieu ?  

PR : Ma priorité est de comprendre notre équipe et le travail que nous faisons, en veillant à ce qu’il s’aligne sur le mandat, la vision et la mission du conseil. Lors de mes rencontres et échanges avec diverses parties intéressées, en particulier nos partenaires provinciaux et territoriaux et les établissements d’enseignement, je cherche à mieux comprendre leurs besoins et la façon dont Ingénieurs Canada peut y répondre par le biais d’initiatives nationales. Nous sommes aussi dans la dernière année du plan stratégique actuel d’Ingénieurs Canada, et 2025 marquera le début d’un nouveau plan quinquennal.   

Dans cette optique, j’ai adopté une approche stratégique et, avec le soutien du conseil, je commencerai à la mettre en œuvre afin de simplifier et de moderniser nos initiatives de collaboration avec les parties intéressées. 

PG : Quels sont les changements les plus significatifs qui sont survenus dans la profession au cours de votre carrière d’ingénieur ?  

PR : Depuis plus de 30 ans que j’exerce le génie au Canada, j’ai été témoin de plusieurs changements et progrès importants dans notre profession. Trois aspects clés ressortent comme étant les changements les plus radicaux au cours des 5 à 10 dernières années :  

  • Les considérations environnementales et sociales : On met aujourd’hui beaucoup plus l’accent sur l’impact des décisions d’ingénierie sur l’environnement. La société s’attend à ce que la profession tienne compte des changements climatiques, des émissions de gaz à effet de serre, de la résilience, de l’abordabilité et de l’accessibilité dans toutes les solutions d’ingénierie.  
  • La diversité et l’inclusion : L’accent est davantage mis sur la diversité et l’inclusion au sein de la main-d’œuvre, et Ingénieurs Canada vise à mieux refléter la composition de notre société.  
  • L’apprentissage machine et l’intelligence artificielle (IA) : Le monde tel que nous le connaissions évolue à un rythme rapide. L’IA et l’apprentissage machine permettront aux ingénieurs d’analyser plus rapidement les données et d’optimiser la conception, ce qui mènera à des solutions plus durables. Cela changera la façon dont les ingénieurs abordent la résolution des problèmes. 

PG : Quelles sont, selon vous, les possibilités les plus intéressantes pour Ingénieurs Canada ?  

PR : La possibilité la plus intéressante pour Ingénieurs Canada, c’est de soutenir la mobilité et l’emploi de nos ingénieurs grâce à des processus simplifiés et efficients, ce qui ouvrira la voie à une nouvelle ère de l’ingénierie. Cette nouvelle ère s’adaptera mieux aux besoins et aux pressions de la société, ainsi qu’aux besoins de nos établissements d’enseignement et de nos organismes de réglementation. Nous devons être prêts et capables de relever les défis mondiaux tels que la durabilité, l’efficacité énergétique, les changements climatiques, l’accessibilité et les pénuries de main-d’œuvre.  

PG : Une dernière réflexion pour conclure ?   

PR : Nous avons beaucoup de travail devant nous, mais j’ai confiance que nous allons réussir. Notre conseil et notre personnel dévoués, les ingénieurs compétents de tout le pays, notre bassin d’ingénieurs talentueux sur le point d’entrer sur le marché du travail et la cohérence exceptionnelle de nos établissements d’enseignement supérieur sont autant de facteurs qui contribuent à cette confiance. De plus, nos organismes de réglementation sont tout à fait disposés à explorer les possibilités de collaboration. Ensemble, nous allons faire avancer considérablement notre profession dans les années à venir. J’ai hâte de passer à la mise en œuvre.