En tant qu’ingénieur en environnement, Steve Auger est l’un des nombreux experts qui travaillent à l’Office de protection de la nature de la région du lac Simcoe pour créer des méthodes novatrices de gestion des eaux pluviales qui favorisent la conservation et la résilience.
« J’ai toujours été attiré par l’eau », reconnaît Steve Auger, qui n’est pas le seul à être fasciné par cet élément. L’eau est omniprésente au Canada. Que l’on pense aux ruisseaux tranquilles ou aux rivières bouillonnantes, aux zones humides ou aux Grands Lacs, l’eau est un élément prédominant de notre paysage et un facteur déterminant de notre environnement naturel. Si l’environnement naturel est façonné par les cycles environnementaux, le milieu urbain est celui que nous construisons pour nous-mêmes, et la gestion des eaux pluviales n’est que l’un des nombreux aspects où les deux se recoupent.
Les ingénieurs en ressources hydriques comme M. Auger réfléchissent de plus en plus à la conception de systèmes qui favorisent la conservation et ont de faibles impacts, tout en préservant la santé et la résilience des environnements naturels et urbains. Il s’agit notamment d’intégrer des solutions plus naturelles dans les conceptions, de s’approvisionner en matériaux locaux et de transférer aux praticiens les connaissances issues des réussites passées et les leçons tirées de l’expérience.
L’eau dans l’environnement urbain
Selon une définition simplifiée, la gestion des eaux pluviales consiste à gérer l’eau afin de contrôler ses effets sur l’environnement urbain. M. Auger décrit comme suit les principales fonctions et méthodes des approches à faible impact de la gestion des eaux pluviales qui impliquent un contrôle de la quantité et de la qualité :
« La réduction des débits de pointe des eaux pluviales, le stockage des précipitations plus importantes pour gérer les inondations, et d’autres techniques de contrôle du volume, y compris les mesures d’infiltration, sont autant d’aspects importants du contrôle de la quantité dans la conception de la gestion des eaux pluviales. Quant au contrôle de la qualité, il est assuré par divers aménagements, dont le développement à faible impact, qui éliminent différents polluants, notamment les solides en suspension et le phosphore qui y est associé, qui peuvent s’accumuler puis être emportés par les eaux pluviales lorsque les précipitations tombent sur le sol. Ces polluants peuvent alors se frayer un chemin vers les réseaux d’égouts pluviaux qui mènent aux eaux réceptrices, y compris nos cours d’eau et nos lacs », explique M. Auger.
Dans ce système, la conception à faible impact vise à imiter le cycle naturel de l’eau, qui consiste à faire pénétrer l’eau dans le sol en toute sécurité, malgré les obstacles urbains tels que les routes et les terrains de stationnement. Il peut s’agir de toits verts, de pavages perméables, de systèmes de collecte des eaux de pluie, etc. La gestion des eaux pluviales implique donc la conception et la construction de différents éléments qui contrôlent le volume d’eau et peuvent filtrer et éliminer les polluants.
Si l’on considère notre utilisation quotidienne de l’eau, qu’il s’agisse de l’usage domestique, de la production d’énergie, des réseaux d’égouts ou de l’agriculture, il est facile de comprendre comment la gestion des eaux pluviales peut avoir un impact considérable sur la vie de tous les jours. Il est également facile de voir comment l’innovation qui explore divers matériaux et méthodes de traitement, et tient compte de l’interaction de multiples solutions de conception dans le cadre d’une structure de gestion des eaux pluviales, peut apporter d’immenses avantages.
L’Office de protection de la nature de la région du lac Simcoe
Steve Auger travaille à l’Office de protection de la nature de la région du lac Simcoe, dont les projets sont actuellement axés sur l’amélioration de la protection de la nature au sein de ce système. Il explique que son rôle consiste à « soutenir une conception plus innovante, holistique et intégrée avec d’autres praticiens, ainsi qu’une gestion des eaux pluviales plus proche de la source. Il s’agit de conceptions plus globales qui tiennent compte de toutes les possibilités et contraintes afin d’imiter les conditions naturelles qui existaient autrefois sur le terrain avant le développement ».
Un exemple de ce travail serait le Programme d’évaluation des technologies durables (STEP), une initiative multi-agences développée en partenariat avec l’Office de protection de la nature de Toronto et de la région et l’Office de protection de la nature de la vallée de la rivière Credit.
Les projets du STEP se répartissent en huit catégories : ruissellement urbain et infrastructures vertes, contrôle de l’érosion et des sédiments, caractéristiques et systèmes naturels, gestion du sel, énergies renouvelables, chauffage et refroidissement, économies d’énergie et réseau électrique intelligent.
« Il s’agit en fait de préparer le terrain et de donner (aux municipalités) les moyens de réussir le travail que nous estimons nécessaire pour la résilience et l’atténuation des changements climatiques », explique M. Auger. Il est fier de l’accent mis par l’Office de protection de la nature sur l’élaboration de politiques, de lignes directrices et de solutions d’ingénierie qui conduisent à l’application pratique des connaissances en matière de conservation et de gestion des eaux pluviales, y compris la généralisation des approches de conception du développement à faible impact.
Les projets passés ont porté sur des sujets aussi variés que l’établissement d’exigences visant à améliorer le contrôle du volume des eaux de ruissellement (l’excès d’eau qui ne peut plus être absorbé par le sol) ou la réalisation de projets de démonstration municipaux mettant en évidence des méthodes à faible impact pour réduire les polluants et infiltrer les eaux pluviales. Une étude de recherche appliquée a également exploré les co-avantages environnementaux potentiels du développement à faible impact, notamment la séquestration de carbone, la réduction de la température des eaux pluviales et l’amélioration de la biodiversité urbaine.
Comme on peut s’y attendre pour des projets d’une telle envergure, le travail effectué par l’Office de protection de la nature n’est pas l’affaire d’une seule personne. « Au sein de notre équipe intégrée chargée de promouvoir de meilleures pratiques de gestion des eaux pluviales, nous faisons appel à des compétences diversifiées : scientifiques de l’environnement, biologistes, hydrogéologues, planificateurs, architectes paysagistes, climatologues, géoscientifiques, spécialistes de la communication, etc. », explique M. Auger.
Sinem Connor, conseillère principale en communication à l’Office de protection de la nature, fait partie de ces professionnels. Elle reprend la description faite par Steve Auger de l’équipe de gestion intégrée des bassins hydrographiques : « Le mot d’ordre de l’Office de protection de la nature est que tout ce que nous faisons, de l’ingénierie à l’aménagement du territoire en passant par la remise en état et l’éducation, nous le faisons de façon transversale », dit-elle.
Grâce à cette répartition des tâches et à ce travail d’équipe interdisciplinaire, lorsque les municipalités travaillent avec l’Office de protection de la nature, l’organisme est en mesure d’offrir une variété de services pour soutenir l’inspection et l’entretien de la gestion des eaux pluviales, ainsi que les efforts de surveillance connexes. Un programme complet sera administré par l’organisme. Un programme hybride ciblera les lacunes spécifiques de la municipalité en matière d’évaluation des besoins d’inspection et d’entretien. Dans le cas d’une municipalité qui n’a besoin que d’un peu d’aide pour l’audit de son programme de gestion des eaux pluviales, l’organisme effectuera une simple évaluation, rédigera un rapport et formulera des recommandations.
« Nous joignons le geste à la parole, dit M. Auger. Nous ne nous contentons pas de diffuser ces informations, nous les mettons en pratique et les appliquons dans notre environnement local, pour la santé du bassin hydrographique. »
L’innovation en matière de gestion des eaux pluviales : Relever les défis climatiques
Une application de la science qui permet de répondre aux bonnes questions est ce que Steve Auger estime le plus nécessaire pour relever les défis climatiques et environnementaux auxquels les communautés sont confrontées. La plupart des problèmes liés à l’environnement et au climat sont vastes et interconnectés. Il est donc extrêmement important de savoir où concentrer la recherche et comment appliquer des solutions pratiques afin d’obtenir les meilleurs résultats possible.
« Nous obtenons des réponses en abordant des questions stratégiques par le biais de nos divers efforts de recherche appliquée, y compris le suivi des rendements sur le terrain et les évaluations de la modélisation. Ces efforts alimentent le transfert continu de connaissances, le développement d’outils et la formation des praticiens », dit M. Auger.
« Nous maintenons notre élan grâce aux contributions des industries, notamment le groupe de travail technique sur la gestion des eaux pluviales de l’Office de protection de la nature, les conférences locales, dont Source to Stream, et les séances de travail de conception visant à évaluer les besoins des praticiens. Ces initiatives favorisent la diffusion des résultats de la recherche appliquée à l’ensemble de la communauté des praticiens, y compris, notamment, aux ingénieurs, mais sans s’y limiter, dans le but d’améliorer la planification, la conception et la mise en œuvre de la gestion des eaux pluviales. »
Un exemple récent du soutien fourni aux collectivités a consisté à déterminer si une autre approche de gestion des eaux pluviales permettrait aux municipalités d’atteindre à moindre coût les objectifs de contrôle de la qualité et de la quantité des eaux pluviales, y compris dans le cadre des scénarios de changements climatiques futurs. Les résultats de cette étude ont montré qu’il était possible de réaliser des économies plus importantes grâce à une collaboration intermunicipale qui inclurait le partage des coûts d’exploitation et d’entretien des aménagements à faible impact au sein de leurs collectivités. Ainsi, en sachant où orienter la recherche et comment appliquer les connaissances, on obtient une solution de gestion des eaux pluviales qui fournit aux municipalités un schéma directeur à mettre en œuvre et qui est en même temps meilleure pour l’environnement.
« Ces efforts visant à promouvoir une gestion des eaux pluviales plus innovante et plus écologique favorisent de meilleures synergies avec nos municipalités partenaires, nos partenaires financiers, notamment le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, et d’autres offices de protection de la nature par l’intermédiaire du programme STEP. Ces synergies permettent d’optimiser les résultats, d’éviter les répétitions et de promouvoir des pratiques plus cohérentes et avant-gardistes dans tout l’Ontario, déclare M. Auger. Grâce à notre travail, nous sommes déterminés à créer une communauté plus viable et plus durable. »