Jill Urbanic

Professeure, Faculté de génie
Université de Windsor

Lorsque la COVID-19 s’est propagée dans le monde au début de 2020, Jill Urbanic et ses étudiants se sont dit qu’il fallait agir.

« Bon nombre de mes étudiants sont Iraniens et l’Iran venait d’être frappé, se rappelle Mme Urbanic, professeure à la Faculté de génie de l’Université de Windsor. L’un de mes étudiants habitait à Turin, en Italie. Il devait faire sa maîtrise avec moi, mais tout a été annulé, car Turin était un point chaud à l’époque. C’est à ce moment-là que la réalité nous a frappés et que l’on a pris conscience du fait qu’un jour, l’Amérique du Nord serait touchée elle aussi. »

Cette prise de conscience a incité Mme Urbanic et son équipe à se mettre au travail – ce qui a débouché sur une demi-douzaine de projets allant de la conception de supports imprimés en 3D pour des écrans faciaux, à des pièces de respirateur, en passant par des masques faciaux et des poignées de porte mains libres. Mais, comme le précise la professeure, outre la production de ces dispositifs, leurs travaux visent plus largement à développer et améliorer les procédés de production pour que l’industrie puisse les fabriquer plus efficacement et remédier aux pénuries de la chaîne d’approvisionnement.

« Nous ne sommes pas une usine de production, souligne Mme Urbanic. C’est pourquoi nous nous concentrons sur les solutions novatrices en matière de  produit et de procédés. »

« Nous essayons de créer un produit utilisable. Nous essayons de mettre au point des procédés permettant de réduire le temps et les coûts de production. Et nous désirons travailler avec des partenaires industriels pour faire entrer la chaîne d’approvisionnement au Canada. De cette manière, en cas de difficultés, nous serons prêts à réagir. »

Par exemple, son équipe a collaboré avec le fabricant Valiant TMS et les spécialistes de logiciels de fabrication CAMufacturing Solutions pour produire des supports d’écrans faciaux imprimés en 3D. Son équipe a conçu un support souple s’adaptant à la tête, muni d’un couvercle sur le dessus et d’un dispositif de retenue en dessous. L’équipe a appliqué les principes de conception axés sur la fabrication et choisi des matériaux pouvant être stérilisés avec les produits de nettoyage utilisés couramment. Les supports sont donc réutilisables et devraient permettre de réduire d’éventuelles pénuries d’équipement.

« Nous l’avons conçu pour le confort, nous l’avons conçu dans l’optique d’une réutilisation et nous l’avons conçu pour augmenter son volume de fabrication », explique Mme Urbanic.

Les produits mis au point par son équipe ont déjà été remis à divers employés de première ligne, y compris au personnel d’hôpitaux et de salles d’urgence, ainsi qu’à des sages-femmes. Elle prévoit que son équipe continuera pendant encore six à huit mois à travailler sur les écrans faciaux, les masques, les poignées de porte mains libres et d’autres projets, alors que la planète continue de lutter contre la pandémie de COVID-19. Son équipe est en train de peaufiner la conception d’une gamme de produits qui, elle l’espère, pourront ensuite être fabriqués par l’industrie.

Depuis le mois de mars, Mme Urbanic a constitué une équipe de recherche multidisciplinaire, composée d’étudiants des premier et deuxième cycles inscrits en sciences, en génie et en médecine, et de représentants de l’industrie. C’est cette diversité de bagages et de formations qui, selon elle, sont à l’origine du succès de l’équipe.

« Il n’existe pas une seule et unique solution à un problème, quel que soit le domaine, explique-t-elle. Je crois profondément à la diversité, je sais qu’elle fonctionne. Si on observe les choses sous plusieurs angles, on trouve de meilleures solutions. C’est incontestable. »

Les membres de cette équipe diversifiée sont unis par un but commun, qui motive chacun d’entre eux à toujours aller de l’avant, explique Mme Urbanic.

« Nous sommes tous dans le même bateau. C’est un enjeu personnel pour chacun d’entre nous. Nous connaissons tous une personne âgée. Nous connaissons tous une personne fragile, une femme enceinte, une personne malade ou vulnérable d’une quelconque façon. C’est donc une cause à laquelle chaque membre de l’équipe peut s’identifier. »

« Au jour le jour, les progrès peuvent sembler minimes, mais si l’on mesure le chemin parcouru depuis le mois de mars, l’évolution est phénoménale. »

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