Dans un nouveau rapport, étudiants, employés et professeurs autochtones, anciens et actuels, de facultés de génie d’un bout à l’autre du Canada racontent ce qu’ils ont vécu en tant qu’Autochtones dans les programmes d’études en génie, leur point de vue et leur vision d’avenir pour rendre les facultés de génie inclusives et équitables.
Le Rapport sur la vérité et la réconciliation dans la formation en génie a été commandé par Ingénieurs Canada et rédigé par Pam Wolf, P. Eng., professeure adjointe au département de génie civil de l’Université de la Colombie-Britannique, et Nika Martinussen, étudiante-chercheuse sur l’énergie renouvelable dans l’Arctique au Conseil national de recherches du Canada et étudiante en génie physique à l’Université de la Colombie-Britannique. Synthétisant les opinions des participants, ce rapport préliminaire cherche à comprendre les principes et les formes croisées de la culture d'exclusion dans les écoles de génie, mais aussi, la voie à suivre pour la réconciliation et pour transformer les établissements d’enseignement du génie en établissements où l’épistémologie, l’ontologie et la culture autochtones sont concrètement intégrées dans le système d’enseignement du génie.
Grâce à des entrevues et des sondages auprès des participants, le rapport a permis de synthétiser les quatre thèmes suivants :
- Résilience et résurgence : les participants ont indiqué plusieurs obstacles à la formation postsecondaire des Autochtones en génie, notamment, la séparation géographique entre la communauté et l’établissement, les exigences financières et l’insuffisance de la représentation des Autochtones dans la profession d’ingénieur. Toutefois, les participants mentionnent également la force et la résilience des peuples autochtones.
- Inclusion des cultures et non de l’identité ethnique : de nombreux participants disent qu’ils ressentent le besoin de s’assimiler à la culture universitaire dominante eurocentrique des ingénieurs et qu’une culture coloniale les empêche de se sentir à l’aise d’être eux-mêmes. Les auteurs soulignent que les EES du génie doivent donner une place à la complexité culturelle de ceux et celles qu’ils servent et se reconstruire sans homogénéité culturelle institutionnalisée ni environnement épuré.
- Intégration des visions du monde autochtones et empiriques : les participants parlent de la nécessité d’inclure les visions du monde traditionnelles autochtones dans les programmes d’études en génie de façon holistique plutôt que de mettre en place des initiatives isolées et modulaires ici et là au premier cycle.
- Incontournable retour à la terre : les participants parlent de l’importance du lien avec la terre quand on leur demande comment les facultés de génie peuvent devenir plus équitables et inclusives pour les étudiants, les professeurs et les employés autochtones. Ils précisent, selon leur expérience, que les programmes d’études sont extrêmement rigoureux sur le plan académique, mais qu’ils n’entretiennent aucun lien réel avec la terre.
D’après les conclusions des entrevues et des enquêtes du rapport, les auteurs formulent plusieurs recommandations pour les facultés du génie, notamment, les changements systémiques à toutes les échelles : en nous-mêmes en tant qu’individus, dans nos programmes d’études et nos conversations en classe, dans la culture et les pratiques des groupes de recherche, ainsi que dans les politiques de nos facultés et de nos institutions nationales et de nos dirigeants; l’embauche d’Autochtones et l’établissement de partenariats avec ces peuples; l’élaboration d’un plan d’action avec les conseils de coéquipiers autochtones et l’établissement d’une stratégie des ressources nécessaires pour éliminer les obstacles à l’inclusion des Autochtones; l’appréciation des atouts des différents points de vue qui guident les actions des collègues autochtones dans le monde et leur compréhension de ce monde; la détermination et l’élimination des obstacles économiques à la participation des Autochtones aux programmes de génie.
Vous pouvez lire le rapport entier sur le site Web d’Ingénieurs Canada.