Le Mois national de l’histoire autochtone permet aux gens de partout au pays de découvrir, de comprendre et de célébrer l’histoire, la diversité, les cultures et les peuples autochtones. Ingénieurs Canada est déterminé à améliorer l’accès des Autochtones au génie, et à optimiser les résultats des projets d’ingénierie dans les communautés autochtones en favorisant une meilleure compréhension de la longue histoire de ces communautés qui pratiquent un mode de vie durable dans leurs environnements naturels. Une relation mutuellement respectueuse entre la profession et les peuples autochtones est importante pour l’avenir du génie au Canada.
Comme première étape vers cet avenir, Ingénieurs Canada a récemment publié le Guide sur la consultation et la mobilisation des Autochtones à l’intention des ingénieurs et des firmes d’ingénierie – un guide qui vise à promouvoir un engagement significatif entre les ingénieurs et les Autochtones dans les communautés où sont réalisés des projets d’ingénierie. Ce guide a été mis sur pied par le Bureau canadien des conditions d’admission en génie d’Ingénieurs Canada.
À l’occasion du Mois de l’histoire autochtone, nous avons rencontré Urban Systems Ltd, la firme de consultation qui a contribué à l’élaboration du guide, pour qu’elle nous éclaire sur les obstacles historiques à une mobilisation efficace, sur les stratégies pour améliorer les pratiques de mobilisation, et sur l’expérience réelle de ses clients en ingénierie qui soutiennent les communautés autochtones et leur donnent des moyens d’agir dans le cadre de leurs travaux. Urban Systems a rassemblé une équipe pluridisciplinaire pour faire part de leurs réflexions et de leurs perspectives.
À propos d’Urban Systems
Le travail d’Urban Systems est centré sur le service aux communautés. Les consultants collaborent avec des municipalités, des gouvernements, des communautés autochtones, des agences et des clients du secteur privé pour améliorer les projets et les initiatives dans le meilleur intérêt des communautés. Soutenu par une équipe aux compétences, points de vue et connaissances diversifiés, leur travail sur le guide a été dirigé par des Autochtones et soutenu par des ingénieurs, des planificateurs, des experts en mobilisation et des spécialistes de l’élaboration de programmes de formation.
Apprentissage préalable à la mobilisation
Histoire
La section 4.2 du Guide sur la consultation et la mobilisation des Autochtones présente quelques aspects importants à considérer pour l’apprentissage préalable à la mobilisation, notamment l’histoire. Gayle Frank, consultante pour les communautés autochtones chez Urban Sysatems, décrit l’apprentissage préalable à la mobilisation comme « le fait de prendre l’initiative d’apprendre à connaître la communauté avant d’interagir avec elle ». Cela permet de comprendre les expériences vécues par la communauté qui pourraient avoir une incidence sur sa réaction à un projet.
Souvent, au cours de l’histoire du Canada, les processus de consultation et de mobilisation n’ont pas protégé les populations autochtones. Afin de prendre des mesures pour améliorer la situation, il est impératif de comprendre où les choses se sont dégradées en ce qui concerne les relations historiques entre les ingénieurs et les communautés autochtones. L’équipe d’Urban Systems a donné trois exemples de problèmes historiques liés aux processus de mobilisation :
- Ne pas accorder suffisamment d’importance aux efforts de mobilisation et, par conséquent, ne pas allouer suffisamment de ressources et de temps à ces activités.
- Tenir pour acquis que les mêmes solutions peuvent fonctionner pour de multiples communautés. Cela revient à présumer que les communautés sont identiques, alors qu’elles ont toutes des désirs, des besoins et des processus différents.
- Présumer que la croissance et les solutions techniques sont toujours nécessaires et souhaitées par la communauté. Il est important de se demander quels seront les avantages pour la communauté et si le programme de développement proposé est dans son intérêt.
Comme première étape, l’équipe suggère « d’examiner les sites Web et plateformes de réseaux sociaux qui peuvent donner un aperçu de ce qui se passe dans la communauté ». La section 4.3 du guide présente d’autres sources d’apprentissage préalable à la mobilisation, comme les bases de données fédérales, provinciales et territoriales.
Comme l’indique le guide, apprendre à connaître une communauté – en gardant à l’esprit les considérations relatives à l’apprentissage préalable à la mobilisation – est non seulement une preuve de respect, mais cela réduit le fardeau de la mobilisation pour la communauté, augmente la capacité à établir la confiance et améliore la possibilité de participation de la communauté à un projet. Les informations recueillies au cours de l’apprentissage préalable peuvent être utilisées pour créer un plan de mobilisation plus efficace.
Bâtir la confiance et établir des relations
Outre l’acquisition de connaissances sur une communauté, la confiance est essentielle à une mobilisation réussie envers un projet. L’un des cinq principes clés d’une mobilisation respectueuse énoncés dans le guide est d’établir la confiance avant de réaliser les projets. « Avant le début d’un projet, on peut créer des relations en dehors du processus de mobilisation formel, dit Urban Systems. Cela peut permettre d’établir des relations avec la communauté avant le début des conversations sur le projet. »
Afin d’instaurer un climat de confiance et d’établir des relations avec les communautés autochtones, Urban Systems propose les mesures suivantes :
- Écouter la communauté et la laisser guider la conversation. Prendre part à cette conversation.
- Comprendre que des actions historiques nous ont conduits à un point où il n’existe pas de confiance implicite entre la communauté et les ingénieurs. Il faut faire preuve d’humilité et mettre de côté l’image du « professionnel qui a toutes les réponses » pour ouvrir la voie à l’apprentissage et à la confiance.
- Mettre l’accent sur la construction d’une relation authentique avec la communauté et les personnes qui en font partie, une relation qui ne dépend pas du travail de projet.
Lorsqu’on cherche à établir et à renforcer des relations, Urban Systems souligne également que des praticiens autochtones, en particulier des membres de la communauté, devraient être inclus dans le projet dès le début, dans la mesure du possible. Pendant et immédiatement après la mise en œuvre du projet, il est important de « réfléchir consciencieusement à ce qui a bien fonctionné et à ce qui n’a pas fonctionné. Cela devrait guider les processus de mobilisation dans l’avenir », ajoute Danilo Caron, ingénieur responsable des projets autochtones chez Urban Systems.
La section 5.1 du guide présente d’autres activités clés qui contribuent à établir la confiance au fil du temps.
Réflexions et enseignements tirés d’interactions antérieures auprès de communautés autochtones
Depuis des siècles, les savoirs et la sagesse des peuples autochtones façonnent notre monde. L’ingénierie offre aux peuples autochtones de nombreuses possibilités d’apporter leur contribution, qu’il s’agisse de leurs points de vue particuliers, de leurs connaissances traditionnelles ou de leurs pratiques durables.
« Il nous est arrivé de nombreuses fois dans notre travail de nous sentir à la fois privilégiés d’apprendre d’une communauté et forcés à l’humilité devant la responsabilité de prendre des décisions, compte tenu de tout ce qu’il nous reste à apprendre », indique l’équipe.
L’équipe a donné l’exemple d’un récent projet de réhabilitation de ruisseaux, dans le cadre duquel un aîné a expliqué comment les ruisseaux à proximité de sa communauté avaient changé depuis son enfance. « Pendant des décennies, ils ont fréquenté les mêmes lieux culturels de baignade et ont vu le niveau de l’eau baisser à cause du dépôt continu de sédiments provenant du développement et des routes situés en amont », explique Mackenzie Walker, dirigeante de projet chez Urban Systems.
« Cet aîné connaît très bien les ruisseaux, et sur une période et à une échelle pour lesquelles nous ne pourrions jamais recueillir des données dans le cadre de notre étude, mais nous sommes pourtant chargés d’élaborer un plan pour les améliorer. Nous avons tellement de choses à apprendre sur des problèmes que les méthodes scientifiques, avec des données limitées, ne peuvent pas résoudre. », ajoute Mme Walker.