Chaque année, le 6 décembre, la communauté du génie se souvient des 14 femmes assassinées en 1989 dans un acte de féminicide à l’École polytechnique de Montréal. Cet acte de violence sexiste reste un moment déterminant dans l’histoire de notre profession, un rappel brutal des conséquences extrêmes de la misogynie et de la violence envers les femmes. La perte de ces jeunes femmes continue de se faire sentir dans tout le Canada et au sein de la communauté des ingénieurs, et souligne l’urgence de créer des espaces sécuritaires et inclusifs où chaque personne peut s’épanouir sans crainte. 

Le 6 décembre, nous nous souvenons de :  

Geneviève Bergeron, étudiante en génie civil  
Hélène Colgan, étudiante en génie mécanique  
Nathalie Croteau, étudiante en génie mécanique  
Barbara Daigneault, étudiante en génie mécanique  
Anne-Marie Edward, étudiante en génie chimique  
Maud Haviernick, étudiante en génie des matériaux  
Barbara Klucznik-Widajewicz, étudiante en sciences infirmières   
Maryse Laganière, commis aux services financiers de l’École Polytechnique  
Maryse Leclair, étudiante en génie des matériaux  
Anne-Marie Lemay, étudiante en génie mécanique  
Sonia Pelletier, étudiante en génie mécanique  
Michèle Richard, étudiante en génie des matériaux  
Annie St-Arneault, étudiante en génie mécanique  
Annie Turcotte, étudiante en génie des matériaux  

L’anniversaire du 6 décembre s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le sexe, une campagne internationale qui se déroule du 25 novembre au 10 décembre. La violence fondée sur le sexe demeure, dans notre société un problème qui touche de façon disproportionnée les femmes et les filles. Cette campagne nous invite également à examiner de près les comportements quotidiens et les facteurs systémiques qui continuent de créer des environnements dangereux ou exclusifs dans le domaine du génie. Pendant les 16 jours de la campagne, Ingénieurs Canada met en évidence dans ses réseaux sociaux certains de ces facteurs, ainsi que les ressources qui peuvent contribuer à créer des espaces plus sécuritaires. 

La violence fondée sur le sexe ne commence pas par des actes extrêmes; elle découle souvent de comportements irrespectueux, d’exclusion et de préjudices qui ne sont pas réprimés. Par exemple, les microagressions peuvent paraître subtiles, mais leur effet cumulatif peut miner la sécurité psychologique et normaliser des comportements qui portent un préjudice disproportionné aux femmes et aux personnes de genres divers. Des outils tels que le Microaggressions Action Plan (Plan d’action contre les microagressions) de Women in Consulting Engineering à Vancouver offrent des conseils pratiques pour aider les particuliers et les organisations à reconnaître et à interrompre ces comportements avant qu’ils ne s’intensifient. 

Les données nous aident à comprendre l’ampleur du harcèlement et de la discrimination fondés sur le sexe dans le domaine du génie – et l’urgence de les combattre. Pour apporter des changements réels, nous avons besoin de données solides et transparentes qui mettent en évidence les tendances, révèlent les obstacles et nous aident à comprendre où il est le plus urgent d’agir. Le tableau de bord de Speak Out Revolution au Royaume-Uni offre des informations générales sur les tendances du harcèlement et de l’intimidation en milieu de travail, alors qu’au Canada, le rapport sur l’égalité des sexes de la Coalition canadienne des femmes en sciences, en ingénierie, en métiers et en technologie (CCFSIMT) met en lumière la façon dont ces problèmes continuent de limiter la participation et l’avancement des femmes et des personnes 2ELGBTQIA+ dans les domaines des STIM. Ensemble, ces outils aident les industries, les organisations, les dirigeants et les particuliers à mieux comprendre le contexte et à déterminer les domaines dans lesquels les interventions peuvent avoir le plus d’impact. 

Prévenir les dommages signifie également doter les personnes des compétences nécessaires pour agir. Des programmes tels que Be More Than a Bystander (Soyez plus qu’un simple spectateur) de l’Ending Violence Association of BC, présenté plus tôt cette année lors de la Conférence 30 en 30 d’Ingénieurs Canada, offre aux participant.e.s les outils nécessaires pour intervenir efficacement afin de mettre fin à la violence, à l’intimidation et au harcèlement, et contribuer à rendre les milieux de travail plus sûrs et plus respectueux. Cette discussion tenue lors de la Conférence 30 en 30 de 2023 avec Paulette Senior, alors directrice générale de la Fondation canadienne des femmes et aujourd’hui sénatrice, propose des idées pratiques pour la prévention de la violence au travail.  

Alors que nous rendons hommage aux femmes tuées en 1989 à l’École Polytechnique, nous honorons leur mémoire en continuant d’agir, en remettant en question les normes préjudiciables, en soutenant la création d’espaces sécuritaires dans le domaine du génie et en nous attaquant aux facteurs systémiques qui permettent à la violence fondée sur le sexe de perdurer. Pendant les 16 jours d’activisme, et tout au long de l’année, nous encourageons les ingénieurs, les employeurs et les partenaires de l’ensemble de la profession à explorer ces ressources et à réfléchir au rôle que chacun et chacune d’entre nous joue dans la création de cultures du génie où chaque personne est respectée, soutenue et en sécurité.