Récemment, plusieurs médias d’information ont publié des articles traitant de la frustration des diplômés en génie formés à l’étranger qui tentent d’obtenir une reconnaissance de leurs titres de compétences au Canada. Les articles insistent sur le fait qu’il est avantageux d’évaluer les compétences au moment d’examiner une demande de reconnaissance du titre d’ingénieur.
Récemment, plusieurs médias d’information ont publié des articles traitant de la frustration des diplômés en génie formés à l’étranger qui tentent d’obtenir une reconnaissance de leurs titres de compétences au Canada. Les articles insistent sur le fait qu’il est avantageux d’évaluer les compétences au moment d’examiner une demande de reconnaissance du titre d’ingénieur.
En bref, en vertu du modèle d’évaluation sur la base des compétences (EBC), les candidats doivent donner la mesure de leurs connaissances, de leurs compétences et de leurs habiletés en génie en expliquant comment ils ont agi par le passé dans un contexte professionnel. En vertu de ce modèle, et c’est là son principal avantage, les demandeurs peuvent plus facilement montrer ce qu’ils savent faire, ce qui permet de vérifier qu’ils ont les compétences voulues pour exercer au Canada. Pour tous ceux qui ont connu les frustrations liées à la reconnaissance de titres de compétences, cette voie est prometteuse, d’autant plus qu’il peut être très difficile d’acquérir une expérience de travail au Canada.
Heureusement, plusieurs organismes de réglementation du génie ont déjà adopté l’EBC. Ces dernières années, dans le cadre de son mandat stratégique, Ingénieurs Canada s’est associé à Engineers and Geoscientists British Columbia pour élaborer un système d’EBC en ligne maintenant utilisé dans quatre provinces. Deux autres provinces et deux territoires ont mis au point leur propre système d’évaluation sur la base des compétences. De plus, trois autres organismes de réglementation provinciaux sont résolus à adopter l’EBC, et deux autres étudient cette possibilité.
Outre l’évaluation sur la base des compétences, les démarches visant à obtenir le titre d’ingénieur au Canada peuvent être longues et pénibles, et ce, même si l’on a accumulé beaucoup d’expérience à l’étranger. Un rapport publié en 2018 par l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC) et 6 Degrés dresse la liste d’un certain nombre d’obstacles systémiques auxquels se heurtent encore les ingénieurs étrangers espérant intégrer la profession au Canada. Le rapport traite du système dans son ensemble et formule des recommandations à l’intention d’Ingénieurs Canada, des organismes de réglementation du génie, des gouvernements fédéral et provinciaux et d’autres parties prenantes.
À l’heure actuelle, l’une des plus grandes sources de confusion et de frustration pour les diplômés en génie de l’étranger tient du fait que le Canada ne définit pas forcément le génie de la même manière que d’autres pays. Du point de vue des organismes de réglementation canadiens, la formation d’un ingénieur doit englober des programmes généraux en génie, tandis qu’ailleurs, le champ d’études d’un ingénieur peut être beaucoup plus pointu.
Si les organismes canadiens de réglementation du génie ont conçu le système de cette façon, c’est en partie pour laisser aux ingénieurs une certaine marge de manœuvre quant à leurs domaines d’exercice, mais aussi pour qu’ils jugent avec discernement des limites de leur expertise. On améliore ainsi la protection du public. Autrement dit, si une personne obtient le titre d’ingénieur au Canada, cela signifie qu’elle est suffisamment éclairée pour délimiter elle-même son champ de compétence. Cela ne se produit évidemment pas par hasard. La déontologie est au cœur de la formation des ingénieurs, et ceux qui ne la respectent pas s’exposent à de graves mesures disciplinaires.
Les diplômés en génie de l’étranger issus de systèmes qui définissent plus étroitement le génie ont tout de même la possibilité d’exercer la profession au Canada. Bon nombre de nos organismes de réglementation du génie offrent, sous une forme ou un autre, des permis d’exercice restreint autorisant par exemple une personne à n’exercer le génie que dans un domaine précis.
Ingénieurs Canada, sur le conseil des organismes canadiens de réglementation du génie, a également conclu une série d’ententes et d’accords internationaux visant à établir une équivalence substantielle entre les titres de compétences étrangers et canadiens. Ces ententes ne donnent pas lieu à une reconnaissance automatique des titres de compétences. Elles facilitent plutôt l’évaluation des titres de compétences en fonction des critères canadiens et des différentes voies d’accès à la profession au Canada.
Quelles que soient les mesures prises par Ingénieurs Canada et par les organismes canadiens de réglementation du génie, il est certain que le processus n’en reste pas moins exaspérant. Pour aider les diplômés de l’étranger à s’orienter dans le système du génie canadien, Ingénieurs Canada a récemment créé le site Web Ingénieurs-ici. Le contenu de ce site a été élaboré en étroite collaboration avec les responsables de l’admission qui, en dernière analyse, sont chargés d’évaluer les titres de compétences des diplômés en génie de l’étranger. Ce site présente les informations les plus à jour concernant le permis d’exercer au Canada.
Au cours des prochains mois, nous verrons comment certains des organismes canadiens de réglementation du génie tentent de combler ces lacunes systémiques. En définitive, Ingénieurs Canada et les organismes réglementation du génie désirent mettre en place un système équitable, accessible à toute personne ayant les aptitudes nécessaires pour le génie, quels que soient ses antécédents.